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arriver à l’inscription de Rosette, l’auteur nous donnera sans doute alors quelque règle qui nous puisse guider dans ce labyrinthe.

À la suite de ces larges modifications à l’alphabet phonétique viennent se placer deux additions auxquelles M. Salvolini attache la plus haute importance ; ce sont, dit-il, deux chapitres nouveaux qu’il est urgent d’intercaler dans la grammaire hiéroglyphique. Cette intercalation regarde les éditeurs ; occupons-nous des additions. Nous avons vu précédemment que Zoéga, dans son Traité sur les obélisques, énumérant les divers modes suivant lesquels les idées peuvent être exprimées à l’aide des caractères hiéroglyphiques, adjoignait à ceux dont il est fait mention dans saint Clément d’Alexandrie, un cinquième mode d’expression indiqué par Horapollon, mode d’expression analogue à celui de nos rébus. Nous avons vu aussi que ce mode, appelé phonétique par Zoéga, avait été écarté par M. Champollion. Aujourd’hui M. Salvolini, ayant reconnu, dit-il, l’insuffisance des méthodes d’explication (il a voulu dire des modes d’expression) admis par M. Champollion, a cru devoir rétablir la cinquième classe de Zoéga, c’est-à-dire les hiéroglyphes-rébus. Si les exemples qu’il cite de ce mode d’expression ont quelque réalité, ce rétablissement est légitime, et, quoiqu’il vienne ajouter aux obstacles admis par M. Champollion un obstacle bien plus grand encore, je n’hésite point à l’approuver, si, je le répète, les exemples cités ont quelque réalité, si l’on peut les placer sur la même ligne que le chapitre de l’épervier d’Horapollon dont j’ai parlé plus haut ; car il ne nous suffit pas, pour admettre la réalité de ces exemples, tous empruntés à des textes dont le sens nous est parfaitement inconnu, il ne nous suffit pas, dis-je, de la conviction intime de M. Salvolini. Il aura beau multiplier les expressions corroborantes qu’il paraît affectionner beaucoup ; il aura beau nous dire que le sens général des légendes hiéroglyphiques auxquelles il emprunte ses citations s’oppose invinciblement à toute interprétation autre que la sienne, je lui répondrai toujours que je préfère ces modestes formules, je vais démontrer, ce qu’il fallait démontrer ; et par démontrer j’entends appuyer ses dires de l’autorité d’une traduction grecque. Mais patience, nous allons arriver à l’analyse de l’inscription de Rosette ; M. Salvolini y rencontrera sans doute quelque caractère du genre de nos rébus, nous verrons alors au moyen de quelle règle il les