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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

tionnaire symbolique d’Horapollon sont, parmi les livres de nos bibliothèques, ceux qui nous présentent les notions les plus complètes sur les divers modes d’expression dont étaient susceptibles les caractères hiéroglyphiques. Un de ces modes, indiqué dans saint Clément d’une manière peu claire, a pendant long-temps échappé aux classifications ; je veux parler de l’emploi des hiéroglyphes pour exprimer des sons à la manière des lettres de notre alphabet. La nomenclature exposée par Zoéga, dans son Traité sur les obélisques, ne fut donc point complète. Elle admettait pour les signes hiéroglyphiques, 1o  un emploi figuratif, par exemple la figure du lion servant à rappeler l’idée de cet animal ; 2o  un autre emploi figuratif, que l’on pourrait appeler de convention, par exemple un cercle servant à rappeler l’idée du soleil, ou encore cinq rayons divergeant d’un même point pour représenter une étoile ; 3o  un emploi tropique ou symbolique, dans lequel l’idée que l’on voulait exprimer n’avait point de rapport avec la figure tracée, mais seulement avec quelqu’une des qualités ou propriétés de l’objet figuré, par exemple la figure du lion employée, non plus pour rappeler l’idée de cet animal, mais pour rappeler l’idée de force ; la figure d’un aigle ou épervier pour rappeler, non l’idée de cet oiseau, mais l’idée d’élévation. On voit qu’il y avait là l’équivalent de nos expressions figurées, c’est un lion, c’est un aigle. Ajoutons que le nombre des idées dont un seul caractère pouvait être le représentant tropique, devenait parfois considérable. 4o  Un emploi énigmatique, dans lequel l’idée que l’on se proposait de rappeler, n’avait plus, avec les propriétés ou qualités de l’objet figuré, que des rapports fort éloignés et souvent tout-à-fait conventionnels, par exemple la figure d’un scarabée employée pour représenter le monde, l’univers. On sent que le nombre des idées dont l’expression énigmatique appartenait à un seul caractère, pouvait encore être fort grand. 5o  Enfin, un emploi phonétique, dans lequel les caractères de l’écriture sacrée jouaient un rôle analogue à celui des figures dont se composent nos rébus. Horapollon, sur la foi duquel Zoéga avait admis ce cinquième mode d’expression, nous en cite un seul exemple ; il nous montre l’aigle ou épervier employé, non plus figurativement pour représenter l’oiseau qui porte ce nom, non plus tropiquement pour exprimer l’idée d’élévation, non plus énigmati-