Eh bien ! c’est convenu, je vous quitte. À propos, vous savez mes malheurs ; j’ai été volée comme dans un bois.
Volée ! qu’est-ce que vous voulez dire ?
Quatre robes, ma chère, quatre amours de robes qui me venaient de Londres, perdues à la douane. Si vous les aviez vues, c’est à en pleurer ; il y en avait une perse et une puce : on ne fera jamais rien de pareil.
Je vous plains bien sincèrement. On vous les a donc confisquées ?
Pas du tout. Si ce n’était que cela, je crierais tant qu’on me les rendrait, car c’est un meurtre. Me voilà nue pour cet été. Imaginez qu’ils m’ont lardé mes robes ; ils ont fourré leur sonde je ne sais par où dans ma caisse ; ils m’ont fait des trous à y mettre un doigt. Voilà ce qu’on m’apporte hier à déjeuner.
Il n’y en avait pas de bleue, par hasard ?
Non, monsieur, pas la moindre. Adieu, belle ; je ne fais qu’une apparition. J’en suis, je crois, à ma douzième grippe de l’hiver ; je vais attraper ma treizième. Aussitôt fait, j’accours, et je me plonge dans vos fauteuils. Nous causerons douane, chiffons, pas vrai ? Non, je suis toute triste, nous ferons du sentiment. Enfin, n’importe ! Bonsoir, monsieur de l’azur… Si vous me reconduisez, je ne reviens pas.
Scène iv.
Quel cerveau fêlé que cette femme ! Vous choisissez bien vos amies.
C’est vous qui avez voulu qu’elle montât.
Je parierais que vous croyez que c’est Mme de Blainville qui a fait ma bourse.
Non, puisque vous me dites le contraire.