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siner des portraits dans ses livres de littérature. Lorsqu’il s’en avisa, elle était sans doute morte depuis bien des années.

Selon Pline, Lala était surtout célèbre pour les portraits de femmes ; elle les peignait de deux manières :

1o Penicillo, au pinceau ; d’après un autre passage où il s’agit des peintures de Polygnote à Thespies, refaites par Pausias, Pline oppose la peinture au pinceau, qui était le genre du premier, à la peinture encaustique, qui était celui de Pausias[1]. La peinture au pinceau était, pour lui, le genre ordinaire, c’est-à-dire la peinture à tempera[2] (probablement vernie), car les anciens n’ont connu ni la peinture à l’huile ni la fresque, comme nous l’entendons[3].

2o Cestro in ebore, avec le cestre sur ivoire, genre qui consistait à dessiner sur une tablette d’ivoire avec une pointe de fer chauffée, et à passer dans les traits diverses couleurs ; espèce de peinture dont il reste encore des échantillons antiques. C’était l’un des deux genres d’encaustique que Pline indique ailleurs en ces termes : Encausto pingendi duo fuisse antiquitùs constat genera, cerâ, et in ebore cestro, id est viriculo[4].

iii.

Texte de Cicéron. — Nous voici arrivés au dernier point de la question. L’illustre antiquaire suppose donc que Lala peignit les portraits, pour l’œuvre de Varron, en les gravant sur plusieurs planches d’ivoire, diversement colorées, et imprimées successivement, par un procédé analogue à celui de nos papiers peints. On voit, dans une peinture trouvée à Pompeï[5], une femme qui copie un Hermès de Mercure : elle est assise sur un pliant ; elle regarde son modèle. De la main droite, elle trempe son pinceau dans une boîte à couleur ; de la gauche, elle tient la tablette (petite plaque de bois ou d’ivoire), sur laquelle elle peint, et non une palette, comme le pense M. Quatremère de Quincy. Il présume que cette femme pourrait bien être Lala elle-même, travaillant dans son la-

  1. Pline, xxxv, 40.
  2. Voir mes Lettres d’un Antiquaire à un Artiste, pag. 48 et 400.
  3. Ibid., pag. 365-377.
  4. xxxv, 41.
  5. Pitture di Ercolano, vii, tav. 1.