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elle réellement ? Ne serait-il pas juste de la restituer à l’antiquité romaine ? Ce scrupule nous est suggéré par une dissertation qui fait partie d’un recueil récemment publié par M. Quatremère de Quincy. Les critiques latins attribuent à M. Varron une invention de nature, disent-ils, à faire envie aux dieux, puisqu’elle donne l’immortalité aux grands hommes, et les rend présens partout à la fois, en multipliant à l’infini leur image, Selon M. Quatremère de Quincy, Varron avait imaginé un procédé assez semblable à celui qui est encore en usage aujourd’hui pour l’impression des étoffes et des papiers peints. Il faisait graver au burin autant de planches d’ivoire qu’il y avait de nuances dans le portrait-modèle, et une toile de lin était appliquée successivement sur les planches diversement coloriées. La pression était exercée par une énorme pierre cylindrique. La conjecture du savant académicien repose sur une nouvelle interprétation de certains textes, et sur la représentation d’une scène d’atelier tracée à Herculanum : elle explique heureusement l’emploi de quelques instrumens dont l’usage avait été méconnu jusqu’ici, au grand désespoir des archéologues. Le but de Varron était d’enrichir à peu de frais les collections iconographiques dont les Romains avaient le goût : lui-même possédait un répertoire biographique où l’on comptait sept cents figures. Il est permis de supposer qu’on faisait graver, au bas de chaque portrait, le nom et peut-être une notice succincte du personnage. On conçoit que la découverte n’ait pas été appliquée à la reproduction des écrits volumineux. La gravure en relief eût été beaucoup plus dispendieuse que la copie des manuscrits à une époque où les livres ne s’adressaient qu’à un très petit nombre d’adeptes. Quoique le germe précieux fût resté sans fécondation, il n’a pas été complètement abandonné, car la peinture n’eût pas choisi, pour décorer les murs d’un édifice, une pratique tombée en désuétude. Dans l’Orient au contraire, où l’écriture idéographique offre un sens même aux peuples d’idiomes divers ; en Chine, où il faut savoir lire parce que souvent on est forcé de rectifier, en écrivant, l’imperfection du langage et de converser plume à la main, la multiplication des caractères au moyen de planches solides, pouvait devenir dès le xe siècle, l’objet d’une exploitation commerciale. Néanmoins la dissertation de M. Quatremère de Quincy nous autorise à revendiquer en faveur des Européens la première idée du procédé.

On trouve dans le même recueil un opuscule sur la Vénus de Milo, l’une des gloires de notre Musée. Il y a du charme à suivre l’analyse ingénieuse, le sentiment éprouvé qui arrivent à reconnaître dans le marbre vivant l’inspiration de Praxitèle.

La dernière publication de la Société des antiquaires n’a d’intérêt que par un mémoire de M. de Santarem. C’est une notice sur plusieurs manuscrits, véritables trésors enfouis dans les bibliothèques publiques de