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SALON DE 1837.

belle transparence, le feuillage d’une bonne forme et d’une grande animation, et les groupes du premier plan d’une heureuse composition ; on y sent bien toute la verte froideur d’un pays alpestre. C’est un beau tableau, qui ne laisse à désirer, suivant nous, qu’un peu plus de cet idéal dont Ruysdaël et Claude savaient si bien empreindre leurs études les plus vraies et les plus exactes. Ce souhait, nous pouvons le manifester également à l’égard de M. Brascassat. Il est impossible de rendre les formes et les mœurs des bestiaux avec plus de vérité d’observation, plus de science de dessin, et plus de vivacité de coloris qu’il ne l’a fait dans son beau combat de taureaux. Cependant un peu moins d’habileté et un peu plus de naïveté, peut-être, mettrait les tableaux de M. Brascassat assez près des meilleurs Paul Potter.

L’Océan, cette année, n’a pas un grand nombre de peintres. M. Gudin n’a rien envoyé de très important ; M. Le Poitevin, malgré sa fécondité, ne retrouve pas les belles eaux de son tableau du Vengeur ; M. Garneray est moins heureux dans ses batailles que dans ses pêches ; et bien qu’il y ait du mouvement et de la couleur dans M. Casati, de bonnes intentions dans M. Morel-Fatio, on peut s’écrier : Où sont les vagues houleuses et les voiles si fuyantes de M. Roqueplan ? où sont les carènes puissantes et solides de M. Isabey ?

La peinture d’intérieur et de monument, qui a produit, dans deux systèmes différens, deux hommes aussi remarquables que MM. Granet et Bonnington, est dignement représentée par M. Perrot et M. Clément Boulanger. Le premier, fervent adorateur de l’Italie et disciple sévère des vieux maîtres, s’est appliqué à reproduire les formes des saints monumens de Pise et de Florence. Rien n’est juste et vrai comme ses peintures de la charmante église de la Spina, de la Tour de la Faim, de la Tour penchée et de l’intérieur de San Miniato. Mais ce qui nous semble supérieur par la finesse et la simplicité de l’exécution, c’est sa vue de la cathédrale de Pise. L’architecture byzantine du dôme est bien rendue, et ce tableau, digne pendant de sa belle vue intérieure du Campo-Santo, est assurément une des meilleures pièces de la galerie architecturale des vieux monumens toscans, qu’il a entreprise et qu’il complète avec tant de patience et de zèle. M. Clément Boulanger dessine peut-être avec moins de correction et de