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nées, et déjà cette science devait à Leuwenhoeck, à Hartsoeker et à quelques autres, la découverte d’une multitude d’infusoires, à Malpighi un grand nombre d’observations d’un haut intérêt pour l’anatomie et la physiologie comparées, et à Swammerdam la connaissance de l’organisation et des métamorphoses des insectes, et, par elle, la première fondation de l’entomologie.

C’est à cette mémorable époque des Ray, des Leuwenhoeck, des Hartsoeker, des Swammerdam, que nous faisons commencer la seconde période de la zoologie. Tous les caractères que nous lui avons assignés sont, en effet, déjà marqués à un haut degré dans tous les travaux de Leuwenhoeck, de Hartsoeker, de Swammerdam surtout, et ils s’aperçoivent aussi, quoique moins manifestement, dans ceux de Ray. Placé intermédiairement sur les confins de deux périodes, homme de transition, si l’on peut s’exprimer ainsi, Ray offre bien encore, dans la direction de son esprit et dans le mode de son travail, plusieurs des caractères de la première période. Comme tous ses prédécesseurs, on le voit s’essayer dans presque toutes les voies ouvertes aux spéculations de l’homme. On sent qu’il se croirait un savant incomplet, s’il n’était un savant universel. Ainsi ses études n’embrassent pas seulement toutes les branches de l’histoire naturelle : la littérature, la philosophie, la théologie, les mathématiques ; il étudie tout ou veut tout étudier ; il fait plus, il enseigne tout. On le voit à de courts intervalles ou même concurremment, et ce n’est pas un des traits les moins caractéristiques de ce temps, professeur de mathématiques, professeur d’humanités et prédicateur. Mais en même temps, lorsqu’il revient à ses études de prédilection, à l’histoire naturelle, Ray sait étudier les détails des faits ; il analyse avec soin et sagacité : témoin ses classifications, qui dénotent en lui une connaissance très précise des détails de l’organisation externe et des traits distinctifs des animaux.

vii.

Dans le xviiie siècle, l’analyse exacte des faits, et la division du travail, tel est le double caractère dont nous allons désormais trouver l’empreinte de plus en plus profonde dans les œuvres de tous les grands zoologistes. Les préceptes de Bacon commencent à