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est un vrai chef-d’œuvre. La tête, le torse et les membres défient l’analyse la plus patiente, et satisferont, nous en sommes sûr, les yeux les plus exercés. Pureté, jeunesse, rien n’y manque. Chaque morceau pris en lui-même est traité avec la même perfection, et tous les morceaux pris ensemble s’accordent harmonieusement.

Nous sommes heureux de retrouver dans la gravure de M. Calamatta les qualités qui distinguent M. Ingres. La tête, les mains et les vêtemens de Louis XIII sont traités avec une simplicité pleine d’élégance ; les mains surtout sont dessinées avec une précision à laquelle nous ne sommes pas habitués. L’étoffe et les ornemens du manteau se détachent hardiment sur le fond de la planche, mais ne distraient pas l’attention. La dentelle qui couronne le manteau et le satin des manches sont d’une légèreté au-dessus de tout éloge. Nous ne croyons pas que l’auteur du Vœu de Louis XIII ait rien à regretter dans le dessin de cette figure. Le burin a suivi le pinceau pas à pas, avec une fidélité religieuse. Dans la gravure et dans le tableau, c’est la même résignation, le même élan, la même ferveur. Il est évident pour nous, il sera évident pour tous les esprits attentifs, que M. Calamatta s’est profondément pénétré de la pensée du peintre, qu’il est monté jusqu’à la source même de cette belle composition, qu’il s’est inspiré de la croyance religieuse, sans laquelle ce tableau ne serait pas. Nous avons beau regarder pour la vingtième fois tous les détails du roi agenouillé, il nous est impossible de découvrir un seul point où le burin ait bronché. La patience et le savoir du graveur ont tenu bon jusqu’au bout ; il ne s’est reposé qu’après avoir épuisé la lutte, après s’être assuré que les procédés de son art ne lui permettaient rien au-delà. Ce que nous ne saurions trop louer dans cette figure, c’est la sobriété ; dans les moyens employés par M. Calamatta, il n’y a pas trace de charlatanisme. Il est vrai que la manière de M. Ingres se prêtait moins facilement que l’œuvre d’un coloriste à l’application des méthodes fondées sur la supercherie ; il est vrai que l’opposition brutale du noir et du blanc, si applaudie dans la plupart des gravures contemporaines, eût contredit manifestement le style et la gamme du maître. Mais toutes ces considérations, quoique justes en elles-mêmes, eussent été méconnues par un graveur du second ordre. M. Calamatta a cherché l’effet dans la reproduction fidèle du tableau de M. Ingres, et son espérance n’a pas été déçue. Il n’a voulu que le possible, et il a réalisé tout ce qu’il voulait. Son Louis XIII est une belle et simple figure, purement dessinée, et colorée autant qu’elle doit l’être pour s’accorder avec le reste de la composition.

Les anges qui relèvent la draperie de l’autel à droite et à gauche offrent de bonnes lignes et sont modelés avec fermeté. Nous remercions M. Calamatta d’avoir traité ces deux figures avec le même soin que le roi