Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/708

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LETTRES
SUR L’ISLANDE.

vi.
DÉCOUVERTE DE L’ISLANDE.

À M. VILLEMAIN,
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.

Les Scandinaves étaient, comme on sait, d’intrépides navigateurs. Ils n’avaient ni le sextant, ni l’astrolabe, ni la boussole ; ils n’avaient pas appris à mesurer la hauteur du soleil pour connaître leur latitude, ni à pointer une carte pour déterminer leurs distances. Mais ils se jetaient dans leur bateau, la rame à la main, et s’en allaient, comme des oiseaux de mer, chercher la côte lointaine. Souvent la vague orageuse leur servit de guide, et la tempête les conduisit au lieu où ils voulaient aborder. Cependant, au viiie siècle, Beda[1] avait signalé de nouveau cette île de Thulé, dont le nom se trouve dans l’histoire de Pline, dans les vers de Virgile[2]. Cent ans plus tard, le moine Dicuil la dépeignait non plus d’après de vagues conjectures, mais d’après des notions positives. Des Irlandais y

  1. Beda mourut en 735. Son livre : De natura rerum et ratione temporum, fut imprimé à Cologne en 1537.
  2. Il n’est guère vraisemblable que cette Thulé, mentionnée par les auteurs anciens, soit l’Islande ; mais comme les écrivains du nord ont souvent invoqué ce témoignage, nous ne pouvions le passer sous silence.