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LETTRES SUR L’ISLANDE.

Annales de Biœrn, qui embrassent l’histoire d’Islande de 1400 jusqu’à 1645. Il travailla à cet ouvrage toute sa vie, et la plupart des faits qu’il raconte se passaient de son temps. Presque toutes ces annales ont rapport à l’histoire de l’île. Cependant on s’occupait aussi des contrées étrangères, et l’on traduisit de l’allemand diverses chroniques. Mais la plus belle époque historique de l’Islande est le xviiie siècle. Alors apparaissent successivement Torfesen, Magnussen, Finnsen, trois hommes dont les Islandais parlent avec vénération.

Le nom de Torfesen est européen. C’était un homme d’un rare savoir et d’une critique sévère, qui, en se dévouant à l’étude des antiquités du nord, rendit de grands services à son pays. La chronique de Norwége et l’introduction mise en tête de sa Chronologie des rois de Danemark[1], devront être étudiés par tous ceux qui veulent avoir une connaissance exacte de l’ancienne Scandinavie.

Arne Magnussen est celui à qui l’Islande doit d’avoir vu sortir de l’oubli où ils étaient plongés ses monumens littéraires. Il dévoua sa vie entière à cette œuvre de science, qui était aussi pour lui une œuvre de patriotisme, et il y consacra sa fortune.

Le nom de Finnsen est peut-être moins connu du monde savant. Mais il sera chéri et respecté de tous ceux qui ont eu recours à son excellente histoire ecclésiastique[2].

Pendant que la science historique se relevait ainsi de son affaissement passé, la philologie faisait aussi quelques progrès. Au xviie siècle, Olafssen compose son lexique runique. Plus tard, J. Magnussen, le frère de celui dont nous venons de parler, écrit une grammaire islandaise. Vidalin publie une fort belle dissertation sur l’ancienne langue scandinave, et plusieurs érudits joignent aux sagas qui se publient à Copenhague des vocabulaires détaillés et des notes très recommandables. On n’avait pas encore d’histoire littéraire nationale. Finnsen la traite avec savoir et habileté dans son histoire ecclésiastique, et Einarsen publie sa Sciagraphia. Ce n’est qu’une esquisse de la littérature islandaise, un catalogue raisonné, une table chronologique. Mais l’esquisse est complète. Tous les noms s’y trouvent, toutes les notes bibliographiques, toutes les dates ; et si ce livre laisse beaucoup à désirer sous le rapport des développemens, il n’en est pas moins précieux comme indication.

À la même époque, la poésie revient aussi visiter l’Islande, et s’essaye à reprendre sur la vieille lyre des scaldes des accords oubliés. Mais elle n’a pas encore retrouvé sa hardiesse d’invention d’autrefois, et au lieu

  1. Series Dynastorum et regum Daniœ, 1 vol., in-8o. 1702. On lui doit aussi : Historia rerum norvegicorum, 4 vol. in-folio. 1711. Gronlandia antiqua, etc., etc.
  2. Historia ecclesiastica Islandiœ, 4 vol. in-4o. Copenhague, 1772.