Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/362

Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
REVUE DES DEUX MONDES.

cette année à Lausanne, n’avait pas eu d’autre but que son objet patent. Il faut le croire sur parole ; mais il n’en est pas moins certain que le professeur Schuler, étranger naturalisé et le principal chef de la Jeune-Allemagne dans le canton de Berne, avait conçu le projet d’en profiter pour faire décréter de force une constituante fédérale, ce qui est aujourd’hui le vœu le plus cher des radicaux. Que les meneurs du tir et de l’association nationale aient ignoré le projet de Schuler et n’aient pas eu la moindre connaissance de la proclamation qu’il avait préparée à cet effet et qu’on a trouvée chez lui, c’est ce qui paraîtra toujours fort équivoque, si l’on tient compte de la situation et de l’effervescence des partis. Mais le fait seul du projet conçu par Schuler, avec ou sans la connivence des principaux intéressés, parle assez haut. Des hommes sont devenus fort dangereux dans un pays, quand ils peuvent se croire appelés, eux étrangers, à y faire une révolution.

Nous ne pousserons pas plus loin cette analyse des résultats de l’enquête sur les réfugiés. Nous ferons seulement observer que tous les faits essentiels ont été reconnus dans un rapport de M. Monnard, député du canton de Vaud à la diète ordinaire, qui, ensuite, a condamné sans ménagement les notes de la France et ne saurait être suspect à personne. Maintenant, nous touchons à une autre face de la question, les mesures prises par la Suisse contre les réfugiés, les actes du gouvernement français, et le langage menaçant que M. de Montebello fut autorisé à tenir.

Après les découvertes de Zurich, le gouvernement de ce canton expulsa un certain nombre de réfugiés allemands. D’autres, et quelques-uns des plus dangereux, avaient pris la fuite ou s’étaient cachés. Il y avait contre le parti tout entier un mouvement d’indignation assez général, et si le directoire avait eu les pouvoirs suffisans, il ne serait pas resté beaucoup de réfugiés sur le territoire de la Suisse. Mais il n’était pas sûr de plusieurs cantons ; et après avoir rappelé à Soleure les engagemens de 1834, il s’occupa exclusivement des réfugiés qui se trouvaient dans l’état de Berne.

Ce fut d’abord comme autorité cantonale que le conseil exécutif de Berne s’adressa, le 17 juin, à M. le duc de Montebello, pour demander que les réfugiés expulsés du canton fussent reçus en France. Mais quelques jours après, il renouvela la même demande comme directoire fédéral, envoya une circulaire à tous les can-