Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
354
REVUE DES DEUX MONDES.

non encore terminée. Les arrestations et saisies de papier qui furent ordonnées en conséquence, amenèrent des découvertes inattendues ; par exemple :

« Que des clubs secrets de l’association dite la Jeune-Allemagne existaient non-seulement à Zurich, mais encore dans divers autres cantons de la Suisse et nommément à Berne et à Lucerne, et que dans les délibérations on ne s’occupait que de projets politiques ;

« Qu’une convocation des députés de tous ces clubs avait été faite récemment, et suivant une circulaire dont on a trouvé l’original, qu’elle devait avoir lieu aux Granges, canton de Soleure, dans le but de traiter une résolution très importante. Il y était annoncé que le célèbre Kater assisterait à la réunion.

« Enfin, que les meneurs paraissaient déterminés à tenter quelque entreprise hardie, et à passer, selon les termes d’une lettre adressée par le club de Zurich aux autres affiliations, des paroles aux actes. »

C’est par suite de ces découvertes que le gouvernement de Zurich avertit celui de Soleure. Il l’engageait à surveiller la réunion convoquée aux Granges pour le samedi après la Pentecôte ; à la dissoudre s’il était possible, et à saisir tous les papiers qui seraient trouvés au lieu de l’assemblée.

Nous avons vu comment l’état de Soleure a suivi ces conseils, et les inductions que sa conduite a justifiées. Elle est taxée d’irréfléchie dans un rapport de M. Hess, magistrat de Zurich, qui nous a fourni tous ces détails, et fut jugée beaucoup plus sévèrement à Berne. La police de ce canton, informée le 29 au matin de ce qui s’était passé la veille à Soleure, y envoya un agent pour obtenir des renseignemens sur la route que Mazzini avait pu prendre. Mais il ne put rien savoir de positif. Mazzini, Harro-Harring et les deux frères Ruffini, mis en liberté par le gouvernement de Soleure, en avaient obtenu l’autorisation de retourner aux Granges pour emporter les effets qu’ils y avaient laissés. Ensuite ils avaient passé la frontière du canton, et on ignora long-temps ce qu’ils étaient devenus.

Mais l’impulsion était donnée. Berne avait aussitôt demandé communication du travail fait à Zurich sur les machinations des réfugiés, et prescrit des enquêtes sur son propre territoire. Son