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REVUE. — CHRONIQUE.

à l’intérieur la convocation des chambres, qui a été fixée dans le conseil au 20 décembre.

Cependant les doctrinaires, toujours en arrière de M. Molé, ont cherché à s’assurer pour eux-mêmes les bonnes graces de M. le duc d’Orléans. On assure qu’ils ont offert au prince royal la même position gouvernementale que celle qu’occupait le Dauphin sous le ministère de M. de Caux. Le prince a reçu froidement ces avances intéressées, et a préféré, avec une haute sagacité, se tenir en dehors de la sphère ministérielle. Il a senti qu’il n’avait rien à gagner et tout à perdre par un contact avec l’administration du 6 septembre, dont il est loin de partager les principes et la politique. M. le duc d’Orléans commence à s’apercevoir que les embarras dont on éloigne la solution, lui seront légués plus tard : tous ses vœux sont pour le triomphe de la cause constitutionnelle à Madrid ; la politique et la retraite du cabinet du 22 février ont été l’objet de ses éloges. En attendant que le moment vienne pour le prince d’exercer, sous une administration vraiment nationale, l’influence à laquelle lui donnent droit son esprit et son âge, M. le duc d’Orléans se concilie au camp de Compiègne l’estime et l’amour de l’armée ; il est le lien vivant et moral de la discipline ; à la fois soldat et général, digne et bienveillant, il se livre aux exercices de la guerre avec un sincère enthousiasme. On sent que les parades de Berlin lui ont rendu plus chers encore les bataillons français, et il a souvent dit à Compiègne qu’avec de pareilles troupes on n’avait rien à envier ni à craindre.

La diplomatie étrangère est en ce moment au repos. On attend, les yeux fixés sur Lisbonne et Madrid ; on parle seulement de l’empêchement mis par M. de Metternich au mariage du duc Guillaume de Brunswick. Voici l’histoire. Qui n’a pas rencontré à Paris le prince Charles de Brunswick, chassé de ses états par son peuple qu’il avait scandalisé de ses bizarreries et de ses juvenilia trop excentriques ? Après son expulsion, le roi de Prusse sollicita vivement le frère du banni, le prince Guillaume, alors au service de l’armée prussienne, de prendre le gouvernement. Le prince Guillaume résista ; il représenta au roi qu’il usurpait ainsi le trône sur les droits de son frère. Nouvelle insistance du monarque prussien faisant valoir les intérêts les plus respectables ; il s’agissait de sauver de l’anarchie un état limitrophe de la Prusse, d’empêcher la contagion de l’exemple. Vaincu par les sollicitations royales, le prince Guillaume consentit à régner. Plus tard, il voulut prendre femme, et ne trouva de libre que la fille du roi de Wurtemberg. La cour de Stuttgard consentit à cette alliance ; mais au moment de la conclure, le roi, en père affectueux et prévoyant, voulut s’assurer de l’assentiment du cabinet de Vienne, et de son opinion sur la stabilité du nouvel établissement de