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l’usure, et notaient d’infamie beaucoup de professions utiles. Les vaincus, au contraire, honoraient les arts, les sciences, la navigation ; quelquefois même ils récompensaient par des prérogatives sociales les services industriels, et le commerce ne tardait pas à ramener dans les cités manufacturières les trésors que la violence avait entassés à Rome.

Nous signalerons enfin de savantes recherches sur le système métrique des anciens, suivies de dix-sept tables de conversions en poids, mesures et monnaies françaises. Une note de ce travail caractérise si bien la probité, la patience et autres vertus académiques, que nous regardons comme un devoir de la reproduire. « Ce Mémoire, dit M. Dureau de La Malle, composé en 1824, je l’ai gardé dix ans sans le publier, vérifiant mes bases, appelant sans cesse la critique sur la solidité de mes déductions. » Et plus bas, à l’occasion d’un dissentiment avec M. Letronne, il ajoute solennellement : « Le jugement de nos pairs dans les deux Académies, et celui des savans de l’Europe qui s’occupent de cette question grave et compliquée, décideront entre nous. Je l’attends avec calme, et je m’y soumettrai sans appel. »

M. Saint-Martin fait avec M. Dureau de La Malle les honneurs du volume. Outre le mémoire sur les inscriptions de Persépolis, que nous avons eu occasion de citer, il a déterminé, d’après des calculs astronomiques, une date de l’histoire ancienne, qui est sans importance par elle-même, mais qui offre un point fixe pour rattacher solidement la chronologie générale. Il s’agit de l’éclipse prédite par Thalès, qui suspendit une bataille entre les Mèdes et les Lydiens. Sa date est reportée au 30 septembre de l’an 610 avant Jésus-Christ. Les critiques modernes lui assignaient l’an 597, sur la foi du jésuite Petau. M. Saint-Martin discute ensuite un passage de Salluste, relatif à l’origine persane des Maures et des Numides. Ses conclusions développent le fait énoncé assez obscurément par l’historien latin. Beaucoup d’érudition dans les autres mémoires du même auteur nous paraît dépensée en pure perte.

Un problème d’archéologie, controversé depuis long-temps, a renouvelé une polémique assez vive entre deux savans académiciens. Les peintures historiques des grands artistes de la Grèce étaient-elles exécutées sur les murs mêmes des édifices dont elles faisaient l’ornement, comme les fresques des modernes, ou bien étaient-elles des tableaux sur bois, peints dans l’atelier, et transportés ensuite à destination ? Voilà toute la question. La première hypothèse, forte de la voix de Winkelman et de la majorité des antiquaires, a rencontré des opposans, et notamment l’archéologue Bœttiger, dont M. Raoul-Rochette s’est constitué l’interprète. Mais M. Letronne, résumant toutes les objections pour les combattre, a su faire d’une dissertation scientifique un livre piquant sous ce titre :