Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/587

Cette page a été validée par deux contributeurs.
583
REVUE LITTÉRAIRE.

senter une trentaine de lettres dont se compose l’alphabet copte. Ajoutons que la disposition des hiéroglyphes était arbitraire : ils pouvaient s’écrire indifféremment de gauche à droite, de droite à gauche, de haut en bas ou de bas en haut. L’ordre processionnel que semblent suivre les figures indique le sens de l’écriture. Les hiératiques se succèdent de gauche à droite, mais en se superposant à volonté, ou en se succédant selon les dimensions du lieu qu’ils occupent.

Nous transcrivons enfin l’assertion fondamentale de l’auteur (page 47). « Tout texte hiéroglyphique ou hiératique se compose d’un assemblage des trois espèces de signes dont nous venons d’exposer la nature particulière employés simultanément, c’est-à-dire que, dans toute inscription égyptienne en écriture sacrée, on rencontre constamment les caractères figuratifs et symboliques entremêlés à des groupes de caractères phonétiques, ou combinés avec eux, chaque sorte de caractères concourant à l’expression des pensées, selon la méthode qui lui est propre, par l’imitation directe, par la similitude, ou par la notation du son des mots. » La dernière ligne de la célèbre inscription de Rosette est rapportée comme exemple. Champollion y voit sur soixante-seize caractères, six figures, vingt-cinq symboles et quarante-cinq lettres alphabétiques.

Les derniers chapitres de cette première partie ne traitent encore que du nom, de l’article, du système de numération, en expliquant le rapport de la méthode graphique qu’on vient de décrire, avec le langage des anciens Égyptiens. Nous en supprimons le résumé pour éviter une analyse grammaticale toujours fastidieuse. Une des règles de cette grammaire nous paraît cependant trop étrange pour n’être pas mentionnée ici. Champollion dit que, dans l’écriture alphabétique, les Égyptiens supprimaient les voyelles médiales, supposition autorisée par l’exemple des Hébreux, et, à l’en croire, son rival anglais ne se serait fourvoyé que pour n’avoir pas pressenti cette circonstance. Mais, ajoute-t-il, la suppression de ces voyelles jetant de l’obscurité en beaucoup de cas, on a corrigé ce défaut par l’addition de signes qu’il prétend avoir reconnus, et qu’il appelle déterminatifs. Or, ce déterminatif est la représentation même de l’objet dont le mot est le signe oral (page 72), c’est-à-dire qu’on joint ainsi l’image du mot au mot lui-même exprimé par des lettres. Les exemples cités à l’appui de cette règle sont curieux. Le mot crocodile est écrit par quatre figures phonétiques, plus un déterminatif qui est un crocodile : pour le mot balance, quatre signes phonétiques suivis d’une balance, et pour déterminer le mot qui exprime l’idée de malfaiteur, nous voyons un homme qui paraît lever une arme meurtrière. Cette hypothèse ne provoque-t-elle pas l’incrédulité ? Quel avantage les Égyptiens auraient-ils trouvé à l’emploi alphabétique des hiéroglyphes, si au lieu