Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
IL NE FAUT JURER DE RIEN.

faute, celle qui l’avait si outrageusement trompé ? Frère d’ailleurs d’un puissant monarque, et couronné bien mal à propos…

VAN BUCK.

De qui diantre me parles-tu ?

VALENTIN.

De Ménélas, mon oncle.

VAN BUCK.

Que le diable t’emporte et moi avec ! Je suis bien sot de t’écouter.

VALENTIN.

Pourquoi ? Il me semble tout simple…

VAN BUCK.

Maudit gamin ! cervelle fêlée ! il n’y a pas moyen de te faire dire un mot qui ait le sens commun. (Il se lève.) Allons ! finissons ! en voilà assez. Aujourd’hui la jeunesse ne respecte rien.

VALENTIN.

Mon oncle Van Buck, vous allez vous mettre en colère.

VAN BUCK.

Non, monsieur ; mais, en vérité, c’est une chose inconcevable. Imagine-t-on qu’un homme de mon âge serve de jouet à un bambin ? Me prends-tu pour ton camarade, et faudra-t-il te répéter…

VALENTIN.

Comment ! mon oncle, est-il possible que vous n’ayez jamais lu Homère ?

VAN BUCK, se rasseyant.

Eh bien ! quand je l’aurais lu ?

VALENTIN.

Vous me parlez de mariage ; il est tout simple que je vous cite le plus grand mari de l’antiquité.

VAN BUCK.

Je me soucie bien de tes proverbes. Veux-tu répondre sérieusement ?

VALENTIN.

Soit ; trinquons à cœur ouvert ; je ne serai compris de vous que si vous voulez bien ne pas m’interrompre. Je ne vous ai pas cité Ménélas pour faire parade de ma science, mais pour ne pas nommer beaucoup d’honnêtes gens ; faut-il m’expliquer sans réserve ?

VAN BUCK.

Oui, sur-le-champ, ou je m’en vais.

VALENTIN.

J’avais seize ans, et je sortais du collége, quand une belle dame de