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LA PEINTURE ET LA SCULPTURE EN ANGLETERRE.

s’est pris du désir d’avoir en son salon une bataille navale, c’est là pure exception, nullement coutume.

Or, à quel patronage l’art a-t-il été contraint d’avoir recours ? Au patronage qui s’est offert. Au patronage des lords, au patronage des riches ; mais quelles peintures demandaient les riches et les lords ? Bien entendu ce n’était pas la grande histoire ; ce n’était ni la grande histoire religieuse, ni la grande histoire profane ; c’étaient de grands portraits en pied, pour les plus grands panneaux de leurs appartemens ; et, pour les coins, de l’histoire en miniature, des chasses, du paysage et de l’aquarelle.

Ces considérations pesées, dont l’importance est grave, quand on veut impartialement juger la situation de l’art en Angleterre, il s’agit surtout d’examiner, si, dans les bornes encore larges et honorables où l’a enfermé la force majeure, il est suffisamment fécond et prospère, s’il compte assez de noms excellens qui l’autorisent et le recommandent. Là dessus, notre avis est affirmatif et nous pensons l’avoir établi de façon à ce que plus d’un autre s’y range.

Mais au milieu de tant de prospérité et d’excellence, s’écrie-t-on, y a-t-il une école anglaise ? Y a-t-il une école anglaise plus qu’il n’y a une école française ?

Oui, répondrons-nous encore, quoique moins absolument. Il n’y a point d’école anglaise si vous exigez le caractère rigoureusement tranché des vieilles écoles flamande, italienne et espagnole. Il y a une école anglaise plus qu’il n’y a une école française, en ce sens que l’art anglais s’est inspiré davantage et plus exclusivement du sol natal, de la nature indigène, du ciel du pays ; en ce sens qu’il a traité plus de sujets purement nationaux et presque inintelligibles au dehors.

Mais l’art anglais est-il l’égal de l’art français ? lui est-il supérieur ?

Nous serions fort empêchés de répondre formellement à cette dernière question.

Toute comparaison est délicate et téméraire entre les gloires analogues de deux peuples rivaux, lorsque, des deux parts, les titres sont authentiques, nombreux, fortement appuyés.

Le rapprochement conviendrait mieux, si la balance penchait à ce point d’un côté, qu’il ne fût guère possible de garder un doute