Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
REVUE DES DEUX MONDES.

posées des genres ? Qui vous contraint de vous enfermer dans la salle étroite de Pall-Mall ? Si la gloire de Claude et du Titien vous empêche de dormir, que ne trempez-vous votre pinceau aux mêmes couleurs éternelles où ils trempaient le leur ? Dût Somerset-House vous fermer ses portes, ignorez-vous comme vous seriez bien-venus et fêtés chez vos frères, les associés libres de Soffolk-Street ?

v.

Nous avons redescendu le Strand. Entrons à Exeter-Hall, où s’est établie la nouvelle société des peintres d’aquarelle. Cette dernière visite, si courte qu’elle soit, nous sera méritoire ; car ce que nous avons vu d’exhibitions était bien pour nous satisfaire, et ce n’est pas la meilleure qui nous reste à voir.

Mais nous avons promis d’être équitables ; nous avons promis de tout montrer, de ne soustraire aucune des pièces utiles aux juges. Achevons donc paisiblement notre besogne de rapporteur.

Ce qui recommande surtout la société nouvelle, c’est sa tendance marquée vers l’amélioration. Ainsi sa présente exhibition, qui est seulement la cinquième, est de beaucoup supérieure aux précédentes. L’année dernière encore, la salle était à peine tenable dix minutes, tant le méchant et le médiocre y dominaient ; cette année, avec du loisir, on y peut passer une heure agréable.

Voilà les bénéfices que produit l’esprit d’association appliqué à l’art. L’association est doublement féconde. En assurant les progrès individuels, elle favorise le progrès général.

Ici, peu d’ouvrages frappent par l’habileté de l’ordonnance, le fini, la perfection du travail. Presque tout est à l’état d’ébauche ; mais, sous la rude écorce de bien des essais informes, frémit une sève qui jaillira un jour en de luxurians feuillages.

Dans le très petit nombre des choses vraiment achevées, il convient de citer les bijoux de M. Downing. Ce sont le plus souvent des vues de la Tamise en hiver. C’est le grand fleuve où glissent les barques et les navires voilés de brume. Le ciel de Londres est là chargé de toutes ses vapeurs. C’est assurément le brouillard de la rivière, lui-même, que l’artiste a trouvé moyen de mettre sous