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ILLUSTRTATIONS SCIENTIFIQUES.

les moyens furent employés, mais on n’obtint que du soulagement et jamais on n’espéra de guérison.

Il fut question, dans une consultation, de lui faire l’opération de la paracenthèse. M. Husson ne fut pas de cet avis, il le sut et lui dit le lendemain : « Je sais que vous n’avez pas voulu que l’on m’ouvrît la poitrine, je ne le veux pas non plus ; j’aime mieux mourir de la main de Dieu que de celle du chirurgien. »

En effet, il expira dans la nuit du 8 février, à l’âge de cinquante huit ans, ayant conservé jusqu’à la fin la pleine jouissance de ses facultés intellectuelles. Il ne cessa pas jusqu’au dernier moment de donner ses consultations, et à la veille de sa mort, on lui conduisit un jeune homme qui avait une lésion du coude ; il ne toucha pas le malade, et annonça qu’il existait un déplacement de cette articulation, ce qui était vrai.

M. Dupuytren a légué par testament une somme de 200,000 fr. à la faculté de médecine pour l’établissement d’une chaire d’anatomie pathologique qui sera remplie par son ami M. le professeur Cruveilhier ; l’ouverture de son corps a été faite, suivant sa dernière volonté, par MM. Broussais, Bouillaud, Cruveilhier, Dalmas et Marx.

Le cerveau a présenté un volume remarquable ; son poids, après avoir été en partie desséché, était de deux livres quatorze onces ; on a trouvé dans le lobe droit des traces de l’ancien épanchement apoplectique. La cavité droite de la poitrine contenait une assez grande quantité de sérosité, et le cœur, très volumineux, pesait vingt onces ; le poids ordinaire du cœur est d’environ douze onces. Les reins étaient ramollis et renfermaient quelques graviers.

Le principal titre scientifique de M. Dupuytren, le seul même que veulent bien lui accorder certaines personnes, est, puisqu’il faut l’appeler par son nom, son mémoire sur les Anus contre nature. Nous ne pouvons donc nous dispenser d’entrer dans quelques détails à ce sujet. À la suite de divers accidens, de plaies du ventre, de hernies étranglées, etc., il peut arriver que l’intestin soit perforé, et que cette ouverture s’unisse par ses bords à la plaie extérieure. On conçoit qu’alors les matières contenues dans les intestins, au lieu de suivre leur cours naturel, sortent par cette ouverture, véritable anus artificiel, qui, ne pouvant par sa contraction retenir les matières, les laisse échapper involontairement au dehors. De là résulte non