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LA BELGIQUE.

litiques et commerciaux de la Belgique avec l’Allemagne, pour que nous ne nous y arrêtions pas.

Une communication directe entre l’Escaut et le Rhin par les pays de Liége et d’Aix-la-Chapelle avait toujours été considérée comme une condition essentielle de la prospérité des Pays-Bas. Anvers et Cologne avaient fleuri ensemble et l’un par l’autre ; ils avaient succombé tous deux sous les entraves que la Hollande, à peine admise au rang des nations, sut imposer à l’Allemagne déchirée par la guerre de trente ans. Quelques villes s’étant arrogé le droit d’imposer les navires qui traversaient leur territoire, et l’empire ayant protesté par ses armées, les états-généraux formulèrent en doctrine de droit public ce qui n’avait été d’abord qu’un acte de violence. La ruine des plus florissantes cités de l’Allemagne fut la conséquence de cette faiblesse.

Napoléon, ce despote européen qui jetait à tous les vents des germes de liberté, proclama le premier, dans la convention de 1804, le droit égal de tous les états riverains à la navigation rhénane, il déclara en même temps la franchise du port de Cologne.

Depuis la paix et les arrangemens de 1815, les relations commerciales entre Anvers et cette ville, malgré la lenteur des communications existantes, se sont élevées dans une progression chaque jour plus rapide. Rotterdam et Amsterdam, au contraire, qui expédiaient l’un et l’autre à Cologne en 1823 environ 10,400 tonneaux de marchandises, n’en envoyaient plus en 1827 que 7,500 et 8,400. Les choses en étaient à ce point lors de la dissolution du royaume des Pays-Bas, qu’Anvers, qui n’avait expédié, en 1823, que 1,968 tonneaux, avait élevé successivement son tonnage, en 1830, jusqu’au 1er septembre seulement, à plus de 12,000 tonneaux[1].

On comprend dès-lors la haute importance que devait mettre la Belgique à conserver et à étendre, par la création d’un chemin de fer, des relations contre lesquelles la concurrence hollandaise sera manifestement impuissante. Entravé dans le libre usage de la Meuse inférieure et du canal de Maëstricht, repoussé du Rhin par les droits que la convention de Mayence maintient à la Hollande, ce pays se trouvait obligé d’ouvrir au commerce de transit, dont il est appelé à devenir l’entrepôt, une voie directe et rapide.

Entre les seuls projets exécutables, celui de l’achèvement d’un canal d’Anvers à Neus par Venloo, celui d’un chemin de fer par Sittard et le Limbourg hollandais, et le tracé par Malines, Louvain, Tirlemont, Liége et Verviers, pour joindre la frontière prussienne à Eupen, un gou-

  1. Tableaux de l’entrepôt de Cologne. J.-A. Bocker, Ausstellung, etc.