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LETTRES
D’UN
VOYAGEUR.

vi.

La publication de ces lettres est un anachronisme. On s’en convaincra aisément en regardant la date, et on me demandera peut-être pourquoi je livre à l’impression la peinture d’une situation de mon ame, long-temps après que cette situation a changé de face. Je répondrai que j’ai cru pouvoir le faire pour l’instruction du petit nombre d’esprits généreusement moraux et humainement philosophiques, qui étudient le cœur de l’homme d’après ses propres aveux, me souciant fort peu de faire preuve de logique dans le passé, et ne me vantant de rien pour l’avenir. J’ai été poussée, par un instinct individuel que je ne sais pas qualifier, à écrire ma vie jour par jour, en m’épanchant dans le sein de l’amitié.

Au milieu de toutes ces lettres, pour la plupart consacrées aux détails prosaïques de la vie réelle, mon ame a jeté çà et là à son insu certaines lueurs plus vives. Quelques idées, quelques senti-