diraient-ils que, sur les résistances du clergé, cette mesure fut enfin révoquée dans ce qu’elle avait d’impératif[1], qu’un concordat avec Rome redressa plus tard les griefs principaux de cette religieuse population[2]. Qu’importe, si chaque tentative du pouvoir indiquait sa pensée secrète, et chaque redressement nouveau l’irrésistible force de l’opinion publique ? C’était montrer en même temps de mauvaises intentions et de l’impuissance.
Si durant le cours de cette union mal assortie les réclamations des Belges furent presque toujours légitimes, hâtons-nous d’ajouter que les efforts des Hollandais, pour maintenir une prépondérance antérieure, ne l’étaient peut-être pas moins. Lorsque le gouvernement des Pays-Bas supprima, par exemple, le jury et la procédure française, il blessa les mœurs et les idées de la Belgique ; mais imposer ces formes à l’universalité du royaume, n’eût-ce pas été violer toutes les habitudes de la Hollande, la faire passer sous le joug d’une législation étrangère ?
Les raisons officielles ne manquaient jamais, d’ailleurs, pour justifier les mesures qui causaient la plus vive irritation. S’agissait-il de mesures fiscales impopulaires dans les provinces méridionales, telles que la mouture et l’abattage ? il fallait pourvoir aux dépenses de canalisation et d’établissemens coloniaux, dont la Belgique agricole et manufacturière profitait plus que l’autre partie du royaume. Était-il question de fixer dans le nord le siége des principaux établissemens d’instruction publique et de haute administration ? la Belgique se trouvait par sa situation plus exposée aux agressions étrangères ; il convenait donc d’en écarter les institutions qui, par leur nature et leur importance, exigent une plus complète sécurité. Le système était suivi avec persévérance par un prince d’une haute habileté administrative et financière, par des ministres agens dociles et dévoués de la volonté royale. La prospérité publique était grande, le crédit s’élevait appuyé sur une banque dont le roi Guillaume est demeuré l’un des principaux actionnaires[3]. L’administration était bonne, quoique
- ↑ Arrêté du 29 juin 1829, qui rendait facultatives, pour les élèves en théologie, les études du collége philosophique de Louvain.
- ↑ Concordat du 18 juin 1827.
- ↑ Ce prince était intéressé dans l’établissement pour les 18/24 des actions à peu près.
de toutes les écoles, colléges ou athénées qui n’obtiendraient pas l’autorisation ministérielle. Les meilleurs établissemens d’instruction publique tombèrent sous le coup de cette interdiction. La plupart des familles riches envoyèrent leurs enfans en France ou en Suisse ; et, pour prévenir cette émigration, le ministère fut conduit, contrairement à la loi fondamentale, à déclarer inhabile aux emplois publics tout sujet des Pays-Bas qui aurait fait ses études à l’étranger.