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grandes collections. Des dépenses de festins royaux, de simples quittances données par des artistes, sont, entre leurs mains, des renseignemens précieux qu’ils offrent à l’interprétation des lecteurs. Mais ils trouvent abondamment, sur leur chemin, de plus amples sujets ; toute une moitié du cinquième volume est consacrée à Calvin, dont ils reproduisent la vie par Théodore de Bèze et une autre vie par Bolzec. Ces morceaux essentiels pourraient fournir matière à une intéressante étude sur Calvin, qu’on comparerait utilement avec Luther, tel que le dernier livre de M. Michelet nous l’a montré. Le septième volume en entier est relatif à la Saint-Barthélemy, et apporte à la connaissance du lecteur toutes les pièces de cet affreux et sanglant problème historique. Une dissertation sur cette journée, par l’abbé de Caveirac, tend à en diminuer, sinon l’horreur, du moins la préméditation ancienne, et le caractère religieux.. Mais les écrits du temps, qui précèdent sa dissertation, témoignent tous combien l’impression des contemporains fut autre. MM. Cimber et d’Anjou n’ajoutent aux pièces qu’ils publient que de courtes préfaces et des notes indispensables ; ils sentent, et remplissent dans son étendue, leur rôle d’éditeurs consciencieux et impartiaux. Nous n’avons voulu aujourd’hui qu’appeler l’attention sur leur publication, déjà si avancée et d’un intérêt soutenu. Elle pourra un jour nous fournir matière, par plus d’une de ses parties, à quelque article développé de biographie ou d’histoire. Le principal avantage de ces travaux recommandables, c’est de divulguer de plus en plus, non pas les résultats, mais les élémens de la science historique, c’est de les mettre à portée de toutes les mains, et d’affranchir les personnes studieuses qui vivent en province, ou qui n’ont pas tout loisir, de tant de conditions pénibles, de tant d’obstacles que leur opposent la distance des lieux, la rareté des documens, le haut prix des originaux ; grace à ces collections bien faites, les moindres documens vont, pour ainsi dire, au-devant de l’homme studieux, et lui abrègent d’autant ces recherches matérielles, qui dérobent toujours à l’esprit bien des heures.


— Deux compositions dramatiques dignes d’intérêt ont fait récemment leur apparition à la rue Richelieu et au boulevart Saint-Martin. Lord Novart de M. Empis est une comédie politique, de facture assez habile, mais sans élévation et sans portée ; c’est une satire d’Horace dans une époque à la Juvénal. Ce n’est ni la hardiesse dans les idées, ni l’intempérance de style qui manquent au drame de M. Mallefille : Les Sept infans de Lara. Malheureusement, il n’a pu traduire toutes ses intentions dans un langage clair et transparent ; c’est une œuvre longuement méditée, péniblement élaborée, mais M. Mallefille a emprunté une forme déjà vieillie ; néanmoins ce drame, fort bien joué par Bocage, mérite d’être signalé à l’attention publique.


F. BULOZ.