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L’ESPAGNE
EN 1835.

i.

ALBOROTO DE VALENCE.


— Frappez ! frappez ! — C’est un factieux ! — Tuez-le ! tuez-le ! — Et en fulminant ces violens anathèmes, une troupe d’urbanos en uniforme bleu, revers jaunes, traînaient, par le collet, un homme d’assez mauvaise mine, qu’ils accablaient de coups.

Cette scène se passait à la porte de Valence au milieu d’un combat de taureaux ; c’était un dimanche, le 2 août de l’année dernière, en pleine canicule, et malgré une effroyable chaleur de trente-trois degrés, le cirque était comble. Mais la fête avait mal répondu à tant d’empressement ; la corrida était détestable ; les taureaux n’étaient que des novices, de véritables novillos ; les toréadors et les picadores avaient mal travaillé, et le matador porté si gauchement ses coups, que la foule indignée avait crié à l’assassinat. C’est au milieu de cette confusion, de ces murmures, que les cris de Mort aux factieux ! avaient tout à coup retenti ; l’attention populaire avait changé d’objet : au lieu d’un taureau, on vit un