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DE
LA POÉSIE ÉPIQUE.[1]

Les lecteurs qui se souviennent d’un ouvrage publié sous le titre d’Ahasvérus, reconnaîtront, malgré la différence des sujets, que le poème auquel ces lignes servent de préface, est, en quelque sorte, le complément du premier, et qu’ils concourent tous deux au même ensemble. Ahasvérus, dans la pensée de celui qui l’écrivit, représentait, par son sujet, la poésie du passé, de l’histoire générale, de cet homme éternel en qui s’absorbent tous les hommes et qui s’appelle humanité. Le poème qui le suit aujourd’hui appartient à la poésie du présent ; il a pour sujet l’homme individuel,

  1. Ce travail de M. Edgar Quinet sur la poésie épique sert d’introduction au poème de Napoléon, attendu avec tant d’impatience. L’épopée de M. Quinet n’appartient pas à cette régulière dynastie de poèmes inaugurée par l’Énéide. Sa manière s’inspire bien plutôt des traditions populaires et de l’enthousiasme sympathique de toute une nation. C’est un ensemble de chants faisant cycle, dans le genre des romances du Cid, des récits des Niebelungen. Une pareille œuvre, venant d’un écrivain aussi consciencieux, ne peut manquer de soulever de graves questions dans le public.
    (N. du D.)