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SIMON.

et le même désintéressement qu’elle aurait eus si Féline eût toujours été son frère.

Dans l’après-midi, Simon alla trouver M. Parquet au sortir de l’office. Jusqu’au dernier coup de la doche, le bon avoué s’était livré au sommeil, et sans le pieux devoir qu’il avait à remplir envers son défunt ami, il déclarait qu’après une nuit si remplie d’émotions, il ne se fût pas arraché aux caresses de Morphée avant le coucher de Phébus.

— Mon ami, lui dit son filleul, je viens vous déclarer qu’il faut que vous arrangiez à tout prix mon mariage.

— Oh ! oh ! décidément ? dit M. Parquet, qui n’avait pas revu sa fille dans la journée. Il y a pourtant des réflexions à vous soumettre encore. J’ai parlé de vous à Mlle de Fougères.

— Et moi aussi, mon ami, je lui ai parlé.

— Ah ! et elle vous a ôté tout espoir ? Alors je désespère moi-même…

— Non, mon cher Parquet, ne désespérez pas, elle m’aime.

— Elle vous l’a dit ? Je le savais, moi, mais je ne croyais pas qu’elle vous épouserait. Du moment qu’elle vous l’a dit, elle consent à vous épouser, car c’est une fille qui ne se laisse pas entraîner par la passion. Tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait, est le résultat d’une volonté arrêtée. Ainsi, ce n’est pas Bonne que vous venez me demander, c’est Fiamma ?

— Oui, mon père.

— Tu as raison de m’appeler ainsi : je ne cesserai jamais de te regarder comme mon fils. Attends-moi donc ici, je vais et je reviens.

— Mais où donc courez-vous si vite ?

— Chez M. de Fougères.

— C’est vous presser beaucoup. Avez-vous réfléchi à cette première démarche ? Avez-vous consulté Fiamma sur le moyen d’obtenir le consentement de son père, sans blesser la prudence, et sans ajouter de nouveaux obstacles à ceux qui existent déjà ?

— Et quels sont-ils, ces obstacles ?

— Je les ignore ; mais je présume que c’est la vanité nobiliaire du comte.

— Si c’est là tout, j’ai ton affaire dans ma poche.

— Comment ?