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DU SYSTÈME ÉLECTORAL ANGLAIS.

Il y avait en Angleterre 25 bourgs, dans lesquels le nombre des électeurs était moins de 100, mais plus de 50 ; il y en avait 47 pour lesquels il était au-dessous de 50 ; parmi ces derniers, deux en comptaient 13, deux 11, deux autres 8 seulement ; enfin les bourgs de Gatton et Old Sarum n’avaient réellement chacun qu’un électeur.

25 villes d’Angleterre n’avaient pour électeurs que leur maire, leurs aldermen et leurs principaux bourgeois, qui souvent n’étaient qu’au nombre de 12, quelquefois même au nombre de 6. En Irlande, 14 villes, nommant 15 membres, n’avaient en tout que 180 électeurs. En Écosse, les représentans des anciens tenanciers de la couronne, seuls électeurs des 33 comtés, étaient, en 1820, au nombre de 2405, et il y avait tel comté qui n’en présentait que 6, tel autre que 12. Pour les bourgs, ils n’offraient pas moins d’inégalité dans la répartition des électeurs et de variété dans le mode d’élection. Édimbourg, ville de plus de cent mille ames, n’avait qu’un député, qui était nommé par 33 électeurs ; les 14 autres bourgs ne jouissaient point du droit d’élection directe ; chacun d’eux se composait de 4 à 5 localités qui avaient leurs délégués pris dans le corps municipal ; ces délégués (65 en tout) nommaient 14 membres de la chambre des communes. 1221 habitans participaient à la nomination des délégués ; or, quand on mettrait ces 1221 électeurs indirects sur la même ligne que les autres, cela n’en ferait encore, pour l’Écosse entière, que 3659. En résumé ou trouverait :


En Angleterre 144 membres nommés par 2912 électeurs
En Irlande 15 180
En Écosse 45 3659
Total.
204 membres nommés par 6751 électeurs


Lord Grey, par une autre supputation, était arrivé à ce résultat, que la majorité de la chambre (330 membres) était nommée par moins de 45,000 électeurs. On comprend quelle devait être l’influence des grands propriétaires et de la couronne sur ce petit nombre d’électeurs, et cette influence était si patente, que lord John Russel put dire en pleine chambre en 1831, sans que personne se levât pour le contredire, que 7 pairs faisaient nommer 63 membres.

C’était surtout au moyen des bourgs réduits à un nombre minime d’habitans, au moyen des bourgs-pourris, comme on les appelle communément, que les pairs et les grands propriétaires jouissaient de cette immense influence sur les élections.

La constitution électorale des bourgs-pourris présentait, comme celle des autres bourgs, une grande diversité. Dans les uns, le droit de voter