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DIPLOMATES EUROPÉENS.

obtenait des succès éclatans, moins contre le roi de Naples, que contre ses troupes hésitantes et débandées. La dernière des dynasties napoléoniennes avait cessé de régner.

À Vienne, et sous les yeux même de M. de Metternich, on tentait alors l’enlèvement de cet enfant-roi dont le berceau avait été placé dans la vieille capitale du monde. Napoléon avait promis le roi de Rome au champ de mai ; il ne put accomplir son engagement ; la police de M. de Metternich déjoua ses projets, et le ministre même, avec cette politesse qui le caractérise, reconduisit la fille de son empereur et le roi de Rome au palais de Schœnbrun, sous une escorte des plus fidèles serviteurs de la maison d’Autriche ; en même temps il entretenait quelques rapports intimes avec Fouché, qui avait envoyé des agens secrets à Vienne afin de pressentir M. de Metternich sur une régence et le roi de Rome.

Je n’ai point à parler de la campagne de 1815 et de Waterloo. L’Autriche parut à peine en ligne sur les bords du Rhin, où elle eut à combattre Rapp et Lecourbe ; ses armées se répandirent dans le midi de la France ; elles occupèrent la Provence, le Languedoc jusqu’à l’Auvergne ; leurs têtes de colonnes étaient à Lyon et à Dijon. Dans le fatal traité de Paris, l’Autriche et la Prusse se concertèrent pour représenter les intérêts allemands. Jamais ces intérêts ne s’étaient montrés plus hostiles à la nation française. Les efforts gigantesques que l’Europe avait faits contre Napoléon avaient profondément irrité les populations germaniques ; et alors la Prusse, l’Autriche et les états des rives du Rhin demandaient l’Alsace et une portion de la Lorraine. J’ai eu en ma possession une carte, dressée en 1815, où l’Alsace était placée sous le titre de Germania dans la configuration de l’Allemagne ; l’Angleterre voulait que la première ligne de forteresses du côté de la Belgique nous fût aussi enlevée, et que nous eussions comme unique rempart de nos frontières la ligne de Laon, de Mézières et d’Arras. C’était une terrible réaction contre la France, une triste punition infligée à cet esprit de gloire et de conquêtes qui nous avait saisis pendant trente années. Nous avons dit ailleurs[1] à quelle intervention on dut de voir modifier ces prétentions altières des nations germaniques.

Les intérêts allemands, en effet, paraissaient surtout préoccuper les deux cours de Berlin et de Vienne, qui se disputaient la prépondérance. On a vu que M. de Metternich avait détourné François ii de reprendre

  1. Voyez la Revue des deux Mondes du 1er  mars 1835, Diplomates européens, Pozzo di Borgo.