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adressé directement à son beau-père François ii, en invoquant l’alliance de famille. Il manda l’impératrice Marie-Louise à Mayence, et profitant d’un ou deux jours que lui laissait l’armistice, il s’y rendit lui-même pour visiter la fille de l’empereur d’Autriche. Dans cette entrevue, il lui confirma tous les pouvoirs de la régence ; son dessein était de vivement frapper le cabinet de Vienne par les marques de confiance qu’il donnait à Marie-Louise. La France allait être gouvernée par une archiduchesse ; et comment l’Autriche pouvait-elle faire la guerre à un pays gouverné par la fille de son empereur ? Les évènemens étaient trop avancés pour que de tels actes pussent exercer encore de l’influence.

À Prague, les négociations expirantes prenaient ce caractère d’incertitude et de mauvaise humeur qui avait marqué leur origine. Au moindre propos, on se fâche ; à la moindre insinuation, on s’offense. Tout se prolonge ainsi jusqu’au 5 août, quelques jours à peine avant la fin de l’armistice. M. de Metternich seul paraissait bienveillant pour tous, et conservait ce titre de médiateur intéressé que les puissances lui avaient reconnu. Il repoussa toute idée de bouleversement en France ; et lorsque le général Moreau arriva sur le continent, les premières paroles que le ministre autrichien prononça à M. de Bassano, furent celles-ci : « L’Autriche n’est pour rien dans cette intrigue ; elle n’approuvera jamais les menées du général Moreau. » Le 7 août, c’est-à-dire trois jours avant la fin de l’armistice, M. de Metternich offrit son ultimatum ; il portait : « la dissolution du duché de Varsovie qui serait partagé entre la Russie, la Prusse et l’Autriche (Dantzick à la Prusse) ; le rétablissement des villes de Hambourg, de Lubeck dans leur indépendance ; la reconstruction de la Prusse, avec une frontière sur l’Elbe ; la cession faite à l’Autriche de toutes les provinces illyriennes, y compris Trieste ; et la garantie réciproque que l’état des puissances, grandes et petites, tel qu’il se trouverait fixé par la paix, ne pourrait plus être changé que d’un commun accord. »

Cet ultimatum exprimait la dernière pensée de l’alliance ; dès ce moment M. de Metternich prit une nouvelle position ; il était désormais moins médiateur que représentant d’une puissance belligérante unie avec la Prusse et la Russie, mais plus portée cependant que ses alliés à un arrangement pacifique. Napoléon, en réponse à cet ultimatum, remit par l’intermédiaire de M. de Caulaincourt une lettre dans laquelle il abandonnait quelques points, en modifiait quelques autres. Au total l’ultimatum n’était pas pleinement satisfait. Ce message se fit attendre, il n’arriva que dans la nuit du 10 au 11. Le 10, l’Autriche avait déclaré