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L’ESPAGNE
DEPUIS 1830.

PREMIÈRE PARTIE.

Investie depuis deux ans et plus du glorieux privilége des enseignemens politiques, l’Espagne donne en spectacle au monde le labeur et l’effort d’un enfantement long et difficile. Quel fruit naîtra de ses angoisses ? quel terme aura son épreuve ? voilà les questions que s’adressent l’un à l’autre les témoins de sa laborieuse délivrance. L’œil fixé sur la Péninsule orageuse, l’Europe en étudie les tempêtes avec une anxiété singulière, attentive à surprendre, au milieu de ce grand désordre des élémens sociaux, le secret encore voilé de l’avenir. Or, ce secret n’est pas facile à pénétrer, car le drame est complexe, et l’Espagne n’est pas un pays comme un autre. C’est bien là qu’on marche sur des cendres trompeuses. L’Espagne est une terre de mystère, où l’on ne s’aventure pas sans émotion ; on n’y pose le pied qu’en tremblant, tant elle cache d’abîmes, et plus on la connaît, plus on la redoute. De bien habiles s’y sont trompés, et pour n’en citer qu’un exemple, mais celui-là est mémorable, qui expia plus rudement que Napoléon sa téméraire ignorance ? quelle méprise coûta plus cher ?