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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

à commencer par son intolérance déclarée, puisqu’à ses yeux tout ce qui n’est pas elle vaut exactement ce que valaient les hérétiques aux yeux des orthodoxes du moyen-âge ?

C’est avec la secte révolutionnaire puritaine ou jacobine qu’ils sympathisent, et comme ils ont dans les idées un fanatisme analogue à celui que les jacobins portaient dans leurs passions et leurs actes, ils savent parfaitement s’identifier avec la sombre énergie déployée par ceux-ci dans des crises terribles. La phase historique où l’action des jacobins occupe le premier plan, et où le mouvement révolutionnaire se concentre dans leur lutte avec la secte fédéraliste, est évidemment celle dont le caractère doit être le mieux senti par de tels historiens, et dont les documens peuvent acquérir le plus de prix et de lumière en passant par leurs mains.

Or, telle est précisément celle dont les deux volumes annoncés commencent l’exposition. Dans les tomes précédens nos auteurs nous ont fait assister à la croissance des deux sectes, subordonnant à cet objet privilégié de leurs études bien des faits d’une importance plus générale. Mais ici ils ont raison d’en faire l’objet de leur préoccupation presque exclusive ; car, dès que la Convention leur est ouverte, ces deux sectes, devenues deux partis, s’y précipitent tout armées de leurs ressentimens et de leurs craintes mutuelles, et la transforment en une arène qu’elles occupent tout entière. De part et d’autre retentissent, avec les noms d’intrigans et d’assassins, les reproches sanglans et les accusations mortelles. À peine quinze jours se sont écoulés depuis l’ouverture de l’assemblée, et déjà se sont livré bataille toutes les idées politiques entre lesquelles va se partager la France ; déjà Marat et Robespierre ont eu à défendre leurs têtes, l’impétueuse attaque des Girondins s’est déjà brisée contre la fermeté de leurs adversaires, et l’on voit commencer la réaction qui doit emporter les premiers.

Ce drame se trouve dans le seul rapprochement des pièces historiques. Quant aux réflexions que les écrivains y ont jointes, il faudrait, pour en dire toute notre pensée, entamer la discussion de leur système. On peut voir quelques considérations présentées sur ce sujet dans le soixantième volume de la Revue Encyclopédique.


Histoire de la révolution de France, par M. de Conny[1].

La pensée dominante de cette histoire est que la révolution n’est pas l’effet du développement de la raison humaine, mais une aberration

  1. Librairie de Paul Méquignon, rue des Saint-Pères, 16.