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l’ambassadeur, qui revient d’Espagne, lui apprend la vérité, et c’est le traître qui est livré au bourreau.

Don Hieronimo est en proie à sa douleur et au regret de ne pouvoir découvrir l’assassin de son fils, lorsque une lettre, écrite avec du sang, tombe à ses pieds. Cette lettre est de Bel-Imperia, qui, retenue par son frère, n’a que ce moyen de faire connaître à Hieronimo les noms des meurtriers. Mais le vieillard craint que cet avertissement ne soit un piége, et il ne témoignera rien jusqu’à ce qu’il soit parvenu à voir Bel-Imperia. Entre Lorenzo. Hieronimo s’informe à lui de Bel-Imperia, ce qui donne à Lorenzo des soupçons. Il craint que Serberine, l’homme de don Balthazar, n’ait été indiscret, et il force Pedringano de lui promettre de le tuer. Ainsi, une indiscrétion engendrant un meurtre, et un meurtre en nécessitant un autre : conséquence vraie, enseignement moral, si admirablement résumé dans ce beau vers de Racine :

Et laver dans le sang ses bras ensanglantés.

Pedringano arrive au lieu marqué par don Lorenzo pour exécuter son ordre. Mais celui-ci, qui craint aussi d’être trahi par ce traître, a résolu de s’en défaire, et il a fait aposter des gardes, afin que, témoins du meurtre de Serberine, ils vengent sa mort sur Pedringano ; mais malheureusement pour Lorenzo, les gardes, au lieu de tuer l’assassin, l’arrêtent et l’emmènent chez don Hieronimo. On ne s’avise jamais de tout.

Pedringano, se voyant appréhendé au corps, s’empresse d’informer don Lorenzo de son arrestation, et son maître lui envoie sa bourse, en lui faisant dire par son page de paraître sans crainte au tribunal du grand-justicier. Ceci fait, il sort, après avoir dit deux vers italiens :


E quel che voglio io, nessun lo sa,
Intendo io quel mi bastara.


Le page chargé de la commission, après quelques instans d’hésitation, finit par ouvrir une boîte dont l’a chargé don Lorenzo, et qu’il doit annoncer à Pedringano comme contenant son pardon. La boîte se trouve vide. Surprise du jeune messager, qui rit à l’avance de la confiance crédule de Pedringano. — Ce monologue est en prose.