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Les députés envoyés à Naples par la junte provisoire revinrent avec de vaines promesses. Les libéraux de Naples voulaient l’indépendance pour eux seuls. Il ne fut plus possible alors de contenir la rage de la populace de Palerme ; des torrens de sang inondèrent les rues de cette capitale. La noblesse et l’honnête bourgeoisie se réunirent pour réprimer ces forcenés ; vaincues, elles furent réduites à appeler de leurs vœux l’armée napolitaine, qui s’avançait sous les ordres du général Pépé, muni des pleins pouvoirs nécessaires pour traiter.

La junte, abandonnée par le prince de Villa-Franca, son président, mit à sa tête le prince Paterno, vieillard, ami de la populace. Il parvint à l’apaiser et à obtenir d’elle l’entrée de Palerme pour le général Pépé et ses troupes.

On signa un traité d’après lequel la majorité des votes des Siciliens, légalement convoqués, devait décider de l’unité ou de la séparation de la représentation nationale du royaume des Deux-Siciles. Il accordait à l’île la constitution des cortès, sauf les modifications que pourrait adopter, pour le bien public, le parlement unique ou séparé. Ce traité donnait en outre une amnistie générale pour les faits accomplis pendant la révolution.

Le parlement napolitain refusa de ratifier cette convention, et bientôt après, l’arrivée des Autrichiens ayant remis à Naples toutes choses sur l’ancien pied, le cardinal Gravina, nommé lieutenant-général du roi en Sicile (5 avril 1821), publia un décret royal annulant ce qui s’était passé depuis que le prince héréditaire avait quitté l’île.

Les résultats des événemens de 1820 eussent été différens peut-être, s’il se fût rencontré un homme capable de se mettre à la tête de la révolution et de la faire marcher par la force de son génie. Mais dans ce drame sanglant, on ne vit paraître que des gens dépourvus de talens ou de courage ; nulle part on ne trouva réunies sur une même tête ces deux qualités indispensables à celui qui veut guider les masses dans des temps de troubles.

Les désordres une fois comprimés, le gouvernement redevint absolu en Sicile, sauf les restrictions administratives qui de nos jours existent jusque dans les gouvernemens absolus de l’Europe. Quant aux institutions qui donnaient au clergé, à la noblesse et