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LE CHANDELIER.

JACQUELINE.

Oui.

CLAVAROCHE.

Je vous avoue que cela m’amuse, et que je n’y regarde pas de si près.

JACQUELINE.

Silence ! l’heure du dîner approche, et voici maître André qui vient.

CLAVAROCHE.

Est-ce notre homme qui est avec lui ?

JACQUELINE.

C’est lui. Mon mari l’a prié, et il reste ce soir ici.

(Entrent maître André et Fortunio.)
MAÎTRE ANDRÉ.

Non ! je ne veux pas d’aujourd’hui entendre parler d’une affaire. Je veux qu’on s’évertue à danser, et qu’il ne soit question que de rire. Je suis ravi, je nage dans la joie, et je n’entends qu’à bien dîner.

CLAVAROCHE.

Peste ! vous êtes en belle humeur, maître André, à ce que je vois.

MAÎTRE ANDRÉ.

Il faut que je vous dise à tous ce qui m’est arrivé hier. J’ai soupçonné injustement ma femme ; j’ai fait mettre le piége à loup devant la porte de mon jardin, j’y ai trouvé mon chat ce matin ; c’est bien fait, je l’ai mérité. Mais je veux rendre justice à Jacqueline, et que vous appreniez de moi que notre paix est faite, et qu’elle m’a pardonné.

JACQUELINE.

C’est bon, je n’ai pas de rancune, obligez-moi de n’en plus parler.

MAÎTRE ANDRÉ.

Non, je veux que tout le monde le sache. Je l’ai dit partout dans la ville, et j’ai rapporté dans ma poche un petit Napoléon en sucre ; je veux le mettre sur ma cheminée en signe de réconciliation, et toutes les fois que je le regarderai, j’en aimerai cent fois plus ma femme. Ce sera pour me garantir de toute défiance à l’avenir.

CLAVAROCHE.

Voilà agir en digne mari ; je reconnais là maître André.

MAÎTRE ANDRÉ.

Capitaine, je vous salue. Voulez-vous dîner avec nous ? Nous avons aujourd’hui au logis une façon de petite fête, et vous êtes le bien-venu.