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LE CHANDELIER.

FORTUNIO.

Que de pareilles choses existent, cela me fait bondir le cœur. Vraiment, Landry, tu as vu cela ?

LANDRY.

C’est bon ; qu’il n’en soit plus question.

FORTUNIO.

Tu as entendu marcher doucement.

LANDRY.

À pas de loup, derrière le mur.

FORTUNIO.

Craquer doucement la fenêtre.

LANDRY.

Comme un grain de sable sous le pied.

FORTUNIO.

Puis, sur le mur, l’ombre de l’homme, quand il a franchi la poterne.

LANDRY.

Comme un spectre, dans son manteau.

FORTUNIO.

Et une main derrière le volet.

LANDRY.

Tremblante comme la feuille.

FORTUNIO.

Une lueur dans la galerie, puis un baiser, puis quelques pas lointains.

LANDRY.

Puis le silence, les rideaux qui se tirent, et la lueur qui disparaît.

FORTUNIO.

Si j’avais été à ta place, je serais resté jusqu’au jour.

GUILLAUME.

Est-ce que tu es amoureux de Jacqueline ? Tu aurais fait là un joli métier !

FORTUNIO.

Je jure devant Dieu, Guillaume, qu’en présence de Jacqueline je n’ai jamais levé les yeux. Pas même en songe, je n’oserais l’aimer. Je l’ai rencontrée au bal une fois ; ma main n’a pas touché la sienne, ses lèvres ne m’ont jamais parlé. De ce qu’elle fait ou de ce qu’elle pense,