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ses idées ne sont plus nettes ; mais n’est-ce pas un titre de plus pour accorder à M. Sébastiani tout ce qu’il demande ? En certain lieu, ne dit-on pas : « Il serait mal de refuser un vieillard qui mourra de chagrin si on ne le fait maréchal ? » — M. Sébastiani sera donc grand chancelier de la Légion-d’Honneur et maréchal de France, pour cause de maladie. C’est un titre comme un autre.

M. de Rigny ira à Londres, et peut-être bien que M. de Barante et M. de Saint-Aulaire finiront par aller à leur poste. Qui sait ? On a vu de nos jours des choses plus étonnantes que cela !

On parle beaucoup dans le monde du mariage que va faire le prince de Butera, ex-ambassadeur de Naples à Paris, qui est parti pour aller épouser la riche princesse Schouwaloff, veuve du comte Palhen. Le prince de Butera, simple et pauvre gentilhomme allemand, avait déjà acquis une première fortune en Italie par un mariage ; il se trouve maintenant appartenir à la fois à l’Allemagne, à l’Italie et à la Russie. Le poste d’ambassadeur en Russie achève sa fortune politique. Le prince de Butera remplace à Saint-Pétersbourg le prince de Castelcicala, fils de l’ancien ambassadeur de ce nom, qu’on a vu si long-temps à Paris sous la restauration. Le prince de Castelcicala ne s’est jamais rendu à son poste, car l’empereur de Russie a refusé de le recevoir. On donne pour motif de ce refus, que l’ambassadeur, se rendant en Russie, s’était arrêté en Suisse pour épouser, à Soleure, une des filles de M. de Zeltner, l’hôte, l’ami, le compagnon fidèle de Kosciusko ; or en ces derniers temps, M. de Zeltner fils, frère de la nouvelle princesse de Castelcicala, avait fait avec distinction la campagne de Pologne. Voilà plus de raisons qu’il n’en faut pour se faire fermer l’empire russe.

Un autre petit évènement diplomatique est la démission envoyée par M. Casimir Périer à M. de Broglie. M. de Broglie, mécontent des fréquentes absences de M. Périer, premier secrétaire d’ambassade à Bruxelles, avait disposé de ce poste, et se proposait d’envoyer M. Périer à Naples ou à Londres. Humeur de M. Périer, qui parla de démission et écrivit une lettre peu mesurée, dit-on, à M. de Broglie, lequel a répondu : « Monsieur, quand on porte votre nom, on doit avoir appris, dans sa famille, qu’un ministre du roi ne doit jamais céder à une menace. Votre démission est acceptée. » Beau et ferme langage qui serait plus beau encore dans une dépêche à M. de Nesselrode ou à M. de Metternich !

Paris attend sa société d’hiver qui revient peu à peu, et se prépare aux plaisirs et aux fêtes. Le procès Fieschi ouvrira la saison. Pour Paris, c’est un spectacle de plus et une distraction. En attendant, on s’occupe