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REVUE. — CHRONIQUE.

Kalish et du commencement de congrès avorté à Tœplitz. Les souverains espéraient d’abord effrayer l’Europe par le déploiement de leurs forces militaires ; mais l’empereur Ferdinand ayant refusé d’envoyer ses troupes aux manœuvres de Kalish, et le rapprochement des premiers régimens russes et prussiens ayant fait naître la crainte sérieuse d’une collision, il a bien fallu renoncer à l’idée d’intimider le monde, et d’appliquer en grand le petit système de MM. de Broglie et Guizot. Alors les augustes hôtes de Kalish ont songé à enlacer du moins le monde par des nœuds diplomatiques étroitement serrés. On devait donc s’entendre définitivement sur la question de la France et de la dynastie de juillet, bien marquer les limites jusqu’où la révolution serait tolérée, le point où on lui dirait : Tu n’iras pas plus loin, et où on la réduirait en poudre. Le sort de l’Orient, de l’Espagne et du Portugal devait être aussi fixé dans ces conférences ; mais dès le premier mot, on a vu qu’on ne pouvait pas s’entendre, et que sauf quelques points principaux, sur lesquels on n’était pas même entièrement d’accord, la discussion de ces grands intérêts causerait des troubles qu’on ne pouvait prévenir que par la réserve et le silence. Déçus encore dans cet espoir, les souverains songèrent à s’en tenir à leurs affaires financières ; ils décidèrent qu’ils arrangeraient en commun leurs intérêts financiers, et se concerteraient pour un vaste emprunt. C’était un nouveau moyen d’exercer une haute puissance sur l’Europe, et de s’assurer des ressources pour en finir avec les révolutions. Mais s’il faut en croire quelques hommes bien informés, ce dernier projet a encore échoué ; les banquiers se sont montrés tardifs et récalcitrans, et les dernières nouvelles de Tœplitz disent que les somptuosités de Kalish n’ont pas donné le moindre crédit aux magnifiques souverains qui en ont fait les frais. Et pendant tout ce temps, à force de parler contre la France, et de s’épuiser en sarcasmes sur la cour des Tuileries, la pensée, l’envie très prononcée même est venue, dit-on, à une princesse de Prusse (quelques-uns disent deux), de voir par elle-même cette cour et ces princes dont il est tant question. Cette velléité a été si publique, qu’on peut en attendre quelque résultat. Ne serait-il pas curieux que les empereurs et les rois du Nord ne se fussent assemblés à si grands frais, que pour donner une princesse royale à la dynastie de juillet, et une descendance à l’héritier du trône révolutionnaire ?

M. Sébastiani veut le bâton de maréchal, M. Sébastiani veut la chancellerie de la Légion-d’Honneur ; pourquoi refuser quelque chose à M. Sébastiani ? Ne sommes-nous pas trop heureux que M. Sébastiani veuille bien abandonner l’ambassade de Londres, et ses 300,000 francs de traitement ? Il est vrai que M. Sébastiani n’était plus en état de supporter une heure de travail, que sa mémoire s’est effacée, que