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ÉTUDES


DE L’ANTIQUITÉ.

iv.


PINDARE.


Le temps est la mer immense sur laquelle navigue l’humanité. Les peuples, comme les hommes, dépendent de cet élément sur lequel ils sont appelés à paraître et à combattre. Ni la vertu ni le génie ne se suffisent pour se faire connaître ; il leur faut l’opportunité pour trouver ce bruit et cet écho dans les âges, que le monde appelle la gloire. Nous naissons dans la dépendance, tant de ce qui nous a précédés que de ce qui nous environne, et nous ne pouvons prévaloir que par la justesse des rapports avec ce qui nous a produits, et avec ce qui nous enveloppe.

C’est surtout à l’artiste que la convenance de son apparition importe. Il devra se croire vraiment sous la main et l’amour de Dieu, s’il a été poussé sur la scène à une époque où il puisse entrer en commerce d’inspiration et d’enthousiasme avec des hommes et des choses capables par leur grandeur de lui arracher à lui-même le