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SCIENCES NATURELLES.

Au mois d’août 1832, M. N. Desvergiers, marchant sur un chemin poudreux sur la grande route de Trieste à Vienne, vit, ainsi que son compagnon de voyage, tomber sur la poussière de larges gouttes de pluie, et tous deux, à leur grande surprise, reconnurent qu’au centre de beaucoup de ces gouttes étaient de petits crapauds, dont quelques-uns semblaient tout froissés de leur chute, tandis que d’autres étaient fort alertes et s’empressaient de gagner, en sautillant, les fossés dont la route est bordée.

Au bout de quelques minutes, ces gouttes d’eau cessèrent, et elles ne furent pas suffisantes pour pénétrer la couche de poussière, qui était fort épaisse.

M. Desvergiers avait auparavant entendu parler de pluies de crapauds, mais jusque-là il regardait ces récits comme mensongers.

Pour terminer cet article, qui est peut-être déjà beaucoup trop long, il ne me reste qu’à rapporter quelques faits relatifs aux pluies de poissons. Le premier a été communiqué à l’Académie dans la séance du 5 novembre. L’observateur est M. Vital Masson, curé de Belligné, canton de Varade, département de la Loire-Inférieure.

« Dans l’été de 1820, dit M. Masson, j’étais maître d’étude au petit séminaire de Nantes, et je passais avec les élèves les jours de congé dans une maison de campagne située à un quart de lieue de la ville. Un jour, pendant que j’étais à cette campagne, il survint un orage ; lorsque la pluie eut cessé, je fis une promenade, accompagné de cinq ou six élèves de quinze à seize ans. Quelle fut notre surprise de voir tout à coup une quantité prodigieuse de petits poissons de neuf à douze lignes de longueur qui sautillaient sur l’herbe mouillée, et cela dans un chemin long de quatre cents pas ! »

Le second fait est consigné dans un des derniers numéros du Journal asiatique de Calcutta. La pluie de poissons eut lieu le 17 mai 1834, dans le voisinage d’Allahabad, ville située au confluent du Gange et de la Jumna. On en a le récit officiel par les zemindars (seigneurs) du village, récit pleinement confirmé par le témoignage d’une foule d’autres habitans.

« Vers midi, disent-ils, le vent soufflant de l’ouest et le ciel étant chargé de quelques nuages, il vint tout à coup un violent coup de vent accompagné de beaucoup de poussière, et on vit, pendant quelques instans, tous les objets comme à travers un voile jaunâtre. Ce souffle paraissait ne se faire sentir que sur une largeur de quatre cents yards environ ; mais il était très violent, enlevant les toits des maisons et arrachant les arbres qui se trouvaient dans sa direction. Quand la bourrasque eut passé,