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La première communication avait suffi pour rompre la glace et les renseignemens sur les pluies de grenouilles allaient arriver de toutes parts. Déjà, dans cette même séance, on avait entendu le récit d’un fait semblable. La dame dont nous venons de parler n’avait pas cru devoir se nommer ; mais l’autre observateur était un savant bien connu, et dont le témoignage ne pouvait sous aucun rapport être suspect.

Voici ce qu’écrivait M. Peltier :

« À l’appui de la communication faite dans la précédente séance par M. le colonel Marmier, je citerai un fait dont j’ai été témoin dans ma jeunesse. Un orage s’avançait sur la petite ville de Ham, du département de la Somme, que j’habitais alors, et j’en observais la marche menaçante, lorsque tout à coup la pluie tomba par torrens. Je vis aussitôt la place de la ville couverte de petits crapauds. Étonné de leur apparition, je tendis la main, et je reçus le choc de plusieurs de ces animaux. La cour de la maison était également remplie. Je les voyais tomber sur un toit d’ardoise et rebondir sur le pavé. Tous s’enfuirent par les ruisseaux qui s’étaient formés et furent entraînés au dehors de la ville. Une demi-heure après la place en était débarrassée, sauf quelques traînards qui paraissaient froissés de leur chute. Quelle que soit la difficulté d’expliquer le transport de ces reptiles, je n’en dois pas moins affirmer le fait qui a laissé des traces profondes dans ma mémoire par la surprise qu’il me causa. »

Dans la séance du 27 octobre, il n’y eut pas moins de quatre communications sur le même sujet : voici à peu près ce qu’elles contenaient.

« J’étais, dit M. Huard, à Jouy, au mois de juin 1833, et je me rendais à l’église pour assister au baptême d’un enfant nouveau-né, accompagné du parrain, de la marraine et de la nourrice. Un orage nous surprit, et je vis tomber du ciel des crapauds ; j’en reçus sur mon parapluie ; le sol était couvert d’une quantité prodigieuse de crapauds fort petits qui sautillaient, et je les vis aussi sur un espace de plus de deux cents toises qui me restaient à parcourir, et pendant environ dix minutes. Les gouttes d’eau qui tombaient en même temps n’étaient guère plus nombreuses que les crapauds. »

La seconde lettre était de M. Zichel, qui rapportait qu’étant en 1808 sous-lieutenant au 10e régiment de chasseurs, et commandant un piquet de vingt-cinq chevaux sous les murs de Burgos, il vit tomber, à travers les branches dont il s’était formé une sorte de petit toit, une quantité innombrable de petits crapauds.

Dans la troisième lettre. M. L. Gayet, actuellement employé au ministère du commerce (cabinet du ministre), racontait le fait suivant : « Dans l’été de 1794, je faisais partie, dit-il, d’une grand’garde de cent cinquante