Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
SCIENCES NATURELLES.

ciel. Malheureusement ils parlent de ces phénomènes en termes si vagues, qu’il est impossible de savoir si le fait doit être interprété à leur manière ou à la manière de Théophraste, laquelle, il faut en convenir, est applicable dans neuf sur dix des cas où l’autre explication est proposée.

Les écrivains de la renaissance ne sont guère plus précis, et c’est beaucoup s’ils indiquent le lieu et la date de l’évènement. Engel, dans les Annales du Brandebourg, en cite un cas pour l’année 1334, et Wolf, dans ses Lectiones memorabiles, un pour l’an 1346. Mais ni l’un ni l’autre ne donne les détails dont on aurait besoin. Le dernier, d’ailleurs, ne m’inspire pas grande confiance, car il semble dire qu’il a tiré le fait d’un ouvrage de Barthélemy de Lucca ; or, le seul écrivain que je connaisse sous ce nom, est un évêque de Torcello, mort en 1327. Je ne vois pas trop comment cet évêque, qui ne passa jamais pour un saint (à telles enseignes qu’il fut excommunié) aurait pu attester un évènement survenu neuf ans après sa mort.

Olaus Magnus, dans son livre sur les nations du nord, traite plusieurs fois la question, mais toujours en termes généraux. Ce qui l’occupe surtout, c’est de trouver une explication pour le phénomène, et non d’en prouver la réalité ; il ne lui vient pas à l’esprit que le fait puisse être contesté.

Suivant lui, c’est des exhalaisons terrestres fécondées par l’action du soleil, que se forment au milieu des airs les différens êtres organisés qui retombent ensuite sur la terre. « Ce phénomène, dit-il, s’observe dans nos pays septentrionaux tout aussi bien que dans les autres, et peut-être même y est plus commun, à cause de la grande abondance de mines, d’où s’élèvent des vapeur sulfureuses. Quoi qu’il en soit, il n’est pas rare de voir tomber des nues tantôt des insectes, tantôt des grenouilles ou des poissons, quelquefois des grains de froment, d’autres fois des semences d’une plante légumineuse, qui, mises en terre, germent et portent des fleurs bleues. Nos livres modernes d’histoire, ajoute-t-il, négligent le plus souvent de mentionner ces faits, qui arrivent à des époques indéterminées, et auxquels on n’attache plus la même importance qu’autrefois ; mais on en a recueilli un grand nombre dans un livre récemment publié à Nuremberg. »

Dans ce passage (livre xx, chap. 50) et dans un autre (livre xviii, chap. 20), il parle de lemmings qu’on aurait vu tomber tout vivans dans divers cantons de l’Helsingie et dans les provinces voisines du diocèse d’Upsal. « Il paraît, dit-il, qu’ils auront été enlevés de terre par quelque coup de vent et transportés ainsi de pays peut-être fort éloignés jusqu’en