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REVUE DES DEUX MONDES.

Les vents tièdes se sont éveillés ; ils murmurent et voltigent nuit et jour ; ils errent de tous côtés. Ô frais parfums, nouveaux murmures ! maintenant, mon pauvre cœur, ne sois plus inquiet ; tout, oui, tout se renouvelle.

Le monde devient plus beau chaque jour ; on ne sait ce que tout cela va être ; la floraison ne veut pas cesser, la vallée lointaine et profonde est en fleurs ; maintenant, mon cœur, oublie ta peine ; tout, oui, tout se renouvelle.

FÊTE DU PRINTEMPS.

Jour de printemps, jour de miel et d’or, ravissement de mon ame, si je tiens du ciel une voix, c’est aujourd’hui que je devrais chanter.

Mais pourquoi dans ce temps aller au travail ? le printemps est une fête, laissez-moi me reposer et prier.

Verdure des blés, senteur des violettes, tournoiement des alouettes, chant des merles, pluie du soleil, vent tiède !

Lorsque je chante de tels mots, est-il donc besoin de plus grandes choses pour te louer, jour de printemps ! »


Je m’en tiendrai là, bien que Uhland ait composé un nombre infini de ces petites pièces ; j’ai voulu faire connaître au lecteur ces tressaillemens de joie et de volupté bienheureuse que les premiers jours de printemps éveillent encore en Allemagne dans les ames du peuple et dans celles des hommes qui peuvent les exprimer par la parole ou par les sons. J’ignore si j’ai atteint mon but ; quoi qu’il en soit, les morceaux qu’on va lire donneront une haute idée de la sensibilité profonde et de la mâle énergie du poète.

LA PLAINTE DE MAI.

« Le soleil du printemps éclaire-t-il déjà la mer et la plaine ? Les rameaux verts se sont-ils voûtés pour faire un toit aux voluptés silencieuses ? Ah ! le bien que je rêve ne m’envoie aucun rayon de mai ; il ne va pas par les touffes de fleurs, ne repose pas dans le vallon des sources.