Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
REVUE DES DEUX MONDES.

leur foi, c’est à vous d’accomplir aujourd’hui tous les vœux que vous avez faits.

Et vous, peuples, qui avez tant souffert, avez-vous oublié l’ardente journée ? Et vos conquêtes magnifiques, d’où vient qu’elles sont infécondes ? Vous avez écrasé les cohortes étrangères ; mais au dedans rien ne s’est éclairci ; vous n’êtes pas devenus libres, car vous n’avez pas affermi le droit.

Et vous, sages, faut-il vous apprendre, à vous qui voulez tout savoir, comment les braves et les simples ont versé leur sang pour le droit ? pensez-vous qu’en ces brasiers ardens, le temps, phénix, se renouvelle seulement pour couver les œufs que vous semez avec persévérance ?

Vous, conseillers de princes, maréchaux de cour, qui portez l’étoile terne sur vos froides poitrines, et qui, du combat livré sous les murs de Leipzig, jusqu’à présent n’avez rien su, apprenez qu’au jour d’aujourd’hui, Dieu le père a porté un jugement solennel. Mais vous n’entendez pas ce que je dis, vous ne croyez pas, vous autres, à la voix des esprits.

Selon que j’ai dû, j’ai chanté, et maintenant je rouvre mes ailes, et reprends mon essor. Ce qui a frappé mes regards, je l’annoncerai au chœur des bienheureux. Je ne puis ni bénir ni maudire. La désolation est partout encore ; mais j’ai vu bien des yeux briller, j’ai entendu bien des cœurs battre.

LE JOUR DE SAINT CHRISTOPHE 1817.

La balance recommence à chanceler, le vieux combat se renouvelle ; voici venir les temps légitimes où le blé sera séparé de la paille, où l’on distinguera comme il convient l’homme faux du loyal, l’intrépide du lâche, la moitié d’homme de l’homme tout entier.

Alors on appellera noble celui que le droit illumine ; chevalier, celui qui n’oublia jamais sa parole. Alors on entourera des honneurs dus à l’esprit celui en qui s’émeut un esprit libre. Alors sera déclaré bourgeois celui qui sait protéger son bourg.

Maintenant, hommes, songez à votre dignité, levez-vous pour un noble conseil, afin que vous ne soyez pas le fardeau de votre pays et la risée des étrangers. Assez ! assez d’entremises et de pa-