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DIPLOMATES EUROPÉENS.

beaucoup à Vienne, et plus d’une instruction adressée à l’ambassadeur autrichien, M. Appony, combat énergiquement le système suivi par M. de Polignac.

Alors éclata la révolution de juillet. Cet évènement était immense ; jamais l’Europe ne s’était trouvée dans un pareil danger, car quelles idées faisaient irruption ? N’était-ce pas l’esprit des sociétés secrètes, le républicanisme triomphant avec plus d’énergie encore, non plus dans un pays de second ordre, mais dans cette France qui, depuis quarante ans, semait le trouble et donnait l’impulsion à l’Europe continentale ? L’esprit de propagande avait pour chef cette tête vieillie, opiniâtre, de M. de Lafayette ; on allait encore faire un appel à l’indépendance des peuples comme aux jours de 93 ; quelques Français, et ce drapeau tricolore promené partout, pouvaient être la cause d’une conflagration générale. Que faire ? Un ministre jeune, ardent, sans expérience, se serait précipité peut-être dans la guerre. Ce fut un grand bonheur pour les amis de la paix en Europe qu’il y eût en Prusse un roi sage et tempéré par l’âge, et en Autriche un ministre qui avait vu tant d’orages sans en être effrayé. Un des traits saillans du caractère de M. de Metternich, c’est de n’être prévenu d’avance ni contre un homme, ni contre un évènement, de sorte qu’il les juge tous avec une certaine supériorité. Il attendit donc la révolution l’arme au bras ; seulement l’Autriche se tint prête, et des mesures militaires, jointes au renouvellement des alliances politiques, préparèrent une barrière à toutes les invasions de l’esprit révolutionnaire. Cette modération fut poussée si loin, que dès qu’un gouvernement régulier fut établi en France, M. de Metternich se hâta de le reconnaître sans affection comme sans haine, et par ce seul motif, qu’un gouvernement régulier est toujours un fait protecteur de l’ordre et de la paix publique.

Depuis cette époque, M. de Metternich a paru suivre trois règles de conduite qui dominent toute sa position politique : 1o  se rapprocher, pour la répression de tout trouble européen, de la Prusse et de la Russie ; renouveler en conséquence les conventions militaires posées à Chaumont en 1814, et à Vienne en 1815 ; ce sera sans doute le but du nouveau congrès de Tœplitz ; 2o  combattre l’esprit de propagande sous quelque forme qu’il se présente ; et ici la tâche était laborieuse, car la révolution de juillet n’avait pas seulement semé des principes dangereux pour les monarchies en Europe ; elle avait fait plus encore, elle avait envoyé son argent, ses émissaires, son drapeau, ses espérances partout. Et c’est parce que M. Casimir Périer fut le premier qui osa arrêter ces éclats de la révolution de juillet, que M. de Metternich a