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TALLEMANT DES RÉAUX.

du plus brillant, et disait les choses d’un air tout-à-fait agréable.

Son mari fut tué en 1640, au combat de la Route, auprès de Casal. Devenue veuve, plusieurs personnes prétendirent à sa main ; car, sans vouloir prendre d’engagemens, elle aimait à recevoir des hommages. « Jamais femme, dit notre écrivain, n’a tant aimé l’adoration. » Eléazar de Sarcilly, sieur de Chandeville, neveu de Voiture, conçut pour elle une vive passion, mais il paraît n’avoir éprouvé que des rigueurs. Mme d’Harambure est vraisemblablement une des Iris en l’air auxquelles il adressa ses plaintes. On croit la reconnaître dans ces stances à Chloris :


Mon cœur, es-tu si faible et si peu généreux
Que de ne sentir pas les mépris rigoureux
De celle à qui tu fais hommage ?
Ou bien, si tu les sens, au lieu de te guérir.
Veux-tu conserver une image
De qui l’original va te faire mourir ?

Non, non, résolvons-nous et cessons d’adorer
Cette ingrate beauté qui nous laisse endurer
Sans espérance de salaire :
Quittons, quittons ses yeux, ou la clarté du jour ;
Et que le feu de la colère
Soit enfin plus puissant que celui de l’amour…

Je connais l’inhumaine à qui mon feu déplaît.
Et sçay que son humeur, insensible qu’elle est,
N’en peut jamais estre échauffée :
Aussi, pour contenter l’excès de son orgueil,
Amour lui prépare un trophée
Des cendres d’un amant qu’elle met au cercueil.

Cet astre de mes jours qui s’en va les finir
Éteint ce que lui seul a droict d’entretenir,
En m’ostant l’espoir et la vie :
Mais un si beau trépas n’ayant point de pareil,