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TALLEMANT DES RÉAUX.

Deux fils et une fille naquirent du mariage contracté par François Tallemant.

Les deux fils, Gédéon et Pierre Tallemant, établirent à Bordeaux une maison de banque, et ils s’associèrent avec Paul Yvon, seigneur de La Leu[1], qui épousa leur sœur.

Cette société, ayant prospéré, a été la source de la fortune des trois branches de la famille.

Gédéon Tallemant se fit recevoir secrétaire du roi, le 29 mars 1612 ; il devint trésorier de l’épargne pour la Navarre, et afferma divers impôts. Ces charges de finance le conduisirent à une grande fortune. Gédéon mourut en 1634.

Il laissait un fils et une fille. Le fils, nommé Gédéon comme son père, acheta une charge de conseiller au parlement de Paris, et il en prêta le serment le 20 juin 1637. Il ne tarda pas à se faire catholique, afin d’épouser Marie de Montauron, fille de du Puget de Montauron, ce riche financier qui réunissait tous les ridicules et toutes les impertinences des nouveaux enrichis ; cette Éminence gasconne, que Tallemant a si plaisamment dessinée : « Tout s’appelait, dit des Réaux, à la Montauron, comme aujourd’hui à la Candale[2]. » Marie de Montauron était bâtarde ; son père l’avait eue de Louise du Puget, sa cousine germaine, qui était morte sans que le mariage eût couvert sa faute ; ainsi la légitimation était impossible. Presque tous les parens de Gédéon refusèrent leur consentement à cette union ; mais celui-ci, qui n’était touché que de la grande fortune qu’il en devait attendre, ne s’arrêta pas à cet obstacle ; il épousa Marie, et acheta une charge de maître des requêtes, qui lui ouvrit la carrière brillante de l’administration ; il fut d’abord nommé intendant d’Orléans, et en 1653 il passa à l’intendance de Guyenne.

  1. C’était un homme très singulier ; Tallemant lui a consacré un chapitre. Tom. v, pag. 43.
  2. Mémoires de Tallemant des Réaux, tom. v, pag. 16. Le duc de Candale, fils aîné du duc d’Épernon, était en possession de donner la mode. Ce fut lui qui se vengea si cruellement d’une moquerie de Bartet, qui avait en effet réduit le mérite de ce duc à l’expression la plus simple. (Voyez les Mémoires de Conrart, t. 48, pag. 265, de la seconde série des Mémoires relatifs à l’Histoire de France).