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REVUE DES DEUX MONDES.


Le ciel, par un honneur insigne,
Fit choix de moi seul autrefois,
Comme de la fleur la plus digne
Pour faire un présent à son roi.

Mais, si j’obtenois ma requête,
Mon sort seroit plus glorieux
D’être monté sur votre tête
Que d’être descendu des cieux.


On peut dire avec vérité qui si jusqu’à présent Tallemant des Réaux n’était pas tout-à-fait ignoré, il était au moins fort peu connu ; on l’a même presque toujours confondu avec l’abbé François Tallemant, son frère, membre de l’Académie française, et même avec Paul Tallemant, de la même Académie et de celle des Inscriptions et des Belles-Lettres ; Paul était neveu à la mode de Bretagne de des Réaux.

Les rôles changent dans cette famille ; les deux académiciens tiendront leur rang dans l’histoire de leurs compagnies savantes, mais leurs ouvrages resteront plongés dans un oubli que justifie leur médiocrité, tandis que des Réaux prendra sa place parmi les écrivains originaux qui peignent les mœurs et la société de leur temps. Son nom vivra par sa seule force ; des Réaux sera pour le xviie siècle ce qu’a été Brantôme pour le xvie.

Avant de rassembler le petit nombre de faits que nous avons pu recueillir sur Tallemant des Réaux, nous ferons connaître en peu de mots sa famille.

Elle est originaire de Tournay ; François Tallemant, aïeul de des Réaux, fut obligé, dans le xvie siècle, d’abandonner sa patrie pour se soustraire aux cruautés exercées par le duc d’Albe contre les sectateurs de Calvin ; Tallemant vint se réfugier à la Rochelle. C’était un bel homme ; il plut à une riche veuve, qui lui donna sa fortune avec sa main. Elle s’appelait Loyse Thevenin, et était veuve de Pierre du Jan.

On a peu de détails sur François Tallemant ; il paraît qu’il avait à la Rochelle une existence aisée, et qu’il y jouissait de beaucoup de considération ; car, suivant un historien de la Rochelle, il était pair de la commune, et en 1600 il fut coélu du maire.