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foudres du Vatican, d’avoir battu des mains aux violences de Luther, d’avoir cherché la raison et l’esprit des lois avec Montesquieu et Turgot. Grand Dieu ! on a bâillonné la France, parce qu’un misérable a déshonoré l’humanité. Mais dites-nous donc quels sont ceux qui doivent davantage détester l’attentat, ceux qui, après le crime, gagnent la dictature, ou ceux qui trouvent la servitude ?

Ce serait aussi avoir une étrange défiance de la force de la vérité que de confier son salut au silence. Mais l’esprit humain a toujours pour résultat final de ses débats, de ses luttes, et même de ses excès, le dégagement des principes simples et vrais. On discute, on s’échauffe, on s’égare : les sophismes abondent, les contre-sens ne sont pas rares : l’erreur peut briller, le mensonge avoir crédit, mais toutes ces apparences ne tiennent pas, et sur leur ruine la vérité vient s’établir. L’histoire, dans son essence, n’est autre chose que la supériorité du vrai sur le faux.

Les principes constitutifs de l’humanité ne peuvent périr, et c’est la discussion qui travaille à leur triomphe. Croirait-on par hasard protéger efficacement le droit de propriété en le mettant hors de tout débat ? Mais nous maintenons que le droit de propriété en lui-même est assez fondé sur la nature des choses, pour soutenir tous les examens, pour essuyer le feu de tous les sophismes et de tous les argumens. Convoquez les représentans du génie national et humain, et nous affirmons que les extravagances du babourisme ne tiendraient pas un quart d’heure devant les clartés de la raison et de la vérité.

Si le mariage peut et doit être perfectionné dans ses formes, peut-il être jamais ébranlé dans son fondement sacré ? Craindra-t-on désormais de discuter la légitimité du divorce ? Faudra-t-il enchaîner la pensée sur un problème et une institution d’où dépendent surtout le bonheur et la vertu de l’homme et du genre humain ?

Sera-t-il défendu de remarquer que le serment de fidélité politique n’a plus aujourd’hui la même signification que dans les origines de la société moderne ? Il semblerait plutôt que, dans une époque où le législateur paraît se défier du jury, dont la puissance était surtout fondée sur le serment fait en commun, cojuratores.