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REVUE DES DEUX MONDES.

Chaque mot de cet ouvrage tient à cette idée et demande au législateur, pour le poète, le temps et le pain.

Veuillez apprendre ce fait au législateur nommé M. Charlemagne, qui (le 30 août) vient de désigner mon ouvrage comme enseignant le suicide.

Il est triste de parler pour ceux qui ne savent pas entendre, et d’écrire pour ceux qui ne savent pas lire.

Agréez l’assurance de ma haute considération.

Cte  Alfred de Vigny.


Cette juste réclamation nous remet en mémoire l’énorme quantité de lieux communs qui se débitent, depuis quelque temps, à la tribune et au barreau, sur les conséquences fatales des nouveaux ouvrages littéraires représentés ou imprimés. Il ne se commet pas un attentat à la moindre pudeur, dans le moindre cabaret, sans que la jeune littérature n’en soit accusée par le défendeur. En vérité, cela devient par trop commun et par trop ridicule. On ne peut trop louer, du reste, les progrès en humilité chrétienne que nous faisons chaque jour ; dans la même séance du 30 août, M. Thiers nous a dit : — Vous avez depuis cinq ans la liberté du théâtre, et, depuis cinq ans, je ne vois pas que vous ayez rien produit de bon ; je juge, d’après cela, que jamais, entre trente-deux millions d’individus que vous êtes, vous ne pourrez rien faire qui ait le sens commun ; en conséquence, je vous retire cette liberté. —


Si ce ne sont ses paroles expresses,
C’en est le sens…


Du reste, M. le ministre est trop bon de s’accuser de nous avoir laissé cette liberté pendant cinq ans. Il n’est pas si coupable : il a suffi de quelques sergens de ville et d’une clé pour fermer bien des théâtres qui ne pouvaient rien à cette censure expéditive.


Cours de droit naturel, professé à la Faculté des lettres, par Théod. Jouffroy[1]. — Lors de la mémorable et violente discussion soulevée

  1. Un volume in-8o, chez Prévost Crocius.