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DOCTOR MARGARITUS.

Traversant son palais pour monter sur le trône.
Elle avait à son front une double couronne
D’hyacinthe et d’opale, et pour tout vêtement
Portait un manteau bleu comme le firmament.
Ses beaux pieds nus et blancs, comme un lis de Marie,
Foulaient, sans la ployer, l’herbe de la prairie,
Et de ses longs cheveux, embaumés de senteur,
Qui la couvraient ainsi dans toute sa hauteur,
S’exhalait par instans une clarté sonore ;
Et quand elle passait, les oiseaux de l’aurore,
Admirant la beauté de son front virginal,
Se mettaient à chanter le réveil matinal.


Belle reine, je vous admire :
Si j’avais l’encens et la myrrhe,
Le cinname et le romarin,
Je les brûlerais tout de suite
Pour honorer votre mérite ;
Mais vous n’êtes pas Marguerite,
La chaste sœur de Valentin.
Faust ne serait que votre page,
Ce n’est pas l’amour, c’est l’hommage
Que commande votre renom.
Que faites-vous dans ce vallon
Où vous vous êtes attardée ?
Il vous faut un roi de Judée.
Allez, votre place est gardée
Sur le trône de Salomon.


Vinrent après la jaune, et la rose, et la verte,
La reine Élisabeth et la princesse Berthe,
Et l’infante Christine avec toute sa cour ;
Et toutes devant moi défilaient à leur tour
Et traversaient le champ, hautaines et sévères,
Et rendant le salut à peine aux primevères,
Qui, les voyant passer, dans l’air humide et frais
Secouaient leur clochette et leurs parfums secrets.